Solutions locales pour un désordre global …

Vingt entretiens jalonnent ce livre de Coline SERREAU aux éditions Actes Sud. Coline SERREAU est par ailleurs réalisatrice, actrice et scénariste. Ces vingt personnes qui témoignent ici dans cet ouvrage, sont engagées dans l’action et le changement. Elles sont porteurs·euses d’alternatives crédibles à notre système ravageur basé sur la production et la consommation de masse qui provoquent tant de dérèglements …

Constats frappants ?

Le dérèglement écologique nous frappe tous. Impossible de le nier. Ces dérèglements sont multiples.

Le climat change très rapidement. Les records de température s’enchainent cette année. L’automne calendaire est bien dépassé, mais nous avons toujours l’impression d’être au cœur de l’été. La végétation s’affole sans pouvoir rentrer en phase de repos végétatif. Mon pommier est en fleur au premier octobre … Trouvera t’il encore suffisamment d’énergie pour fleurir l’année prochaine ? Le dérèglement climatique nous frappe avec ces périodes de sécheresse, ces phénomènes météorologiques intenses et dangereux.

La biodiversité recule d’une manière alarmante. Les insectes, les oiseaux, les abeilles se font de plus en plus rare. l’extinction de masse est en cours dans une telle indifférence. 75% des milieux terrestres sont dégradés.

La ressource en eau devient rare et fait l’objet d’âpres combats. Elle se trouve exposée à la pollution chimique et à celle des micro plastiques.

La liste est malheureusement loin d’être exhaustive et tout ceci est une conséquence directe de notre système de production et de consommation dérégulé, basé sur une fausse abondance en terme de ressource et surtout sur un capitalisme débridé et libéral sans aucune limite.

Il résulte de tout ceci une crise profonde qui menace directement l’existence humaine. Arriverons-nous à maintenir la sécurité alimentaire de la planète dans un environnement aussi dégradé ?

Des entretiens inspirants …

Heureusement pour notre moral, il existe des solutions. Positivons !

Même si la situation est alarmiste, le propre de l’homme est sa capacité de résilience. C’est tout le sens de ce livre. Nous montrez le champ des possibles.

Un autre type de société est envisageable. Des solutions existent et elles sont expérimentées ici ou là sur la planète avec succès. Coline SERREAU nous invite ici à dialoguer avec des hommes et des femmes qui témoignent de la mise en place de techniques, d’idées, d’organisations collectives dans des démarches vertueuses.

Caméra au poing, Coline SERREAU a parcouru notre planète pendant presque 3 ans à la rencontre de femmes et d’hommes de terrain, penseurs et économistes, qui expérimentent localement, avec succès, des solutions pour panser les plaies d’une terre trop longtemps maltraitée.

Pierre RABHI, Claude et Lydia BOURGUIGNON, les paysans sans terre du Brésil, KOKOPELLI en Inde, … tour à tour drôles et émouvants, combatifs et inspirés, ils sont ces résistants, ces amoureux de la terre, dont le documentaire de Coline SERREAU porte la voix

Tous ces témoignages témoignent d’une vitalité exceptionnelle et surtout que la fatalité ne peut avoir sa place dans la société !

Des paysans, des agronomes, des économistes, des philosophes expriment dans ce livre d’une nouvelle vitalité. Tous.tes s’engagent dans une société nouvelle, certes encore latente et minoritaire, mais de plus en plus visible et majoritaire. Avez-vous remarqué comme l’environnement devient un sujet de plus en plus évoqué dans notre société ?

Dans l’ouvrage, de nombreuses théories, analyses et réponses très concrètes sont évoquées. Elles interpellent le lecteur et surtout éveillent en lui l’envie de positiver la situation et surtout d’agir vers du mieux, vers une vie nouvelle et également vers un monde meilleur.

Les intervenants de ce livre de Coline SERREAU démontrent très concrètement qu’il existe des techniques multiples pour rétablir un lien sain et véridique entre le champ et notre assiette. Une alimentation saine et durable figure déjà dans les fondamentaux.

J’ai choisi de retenir ici quelques entretiens qui m’ont le plus marqués. A noter que ces entretiens filmés ont également permis une belle opportunité. Un film documentaire reprenant l’intégralité des échanges a été par la suite produit.

« La conscience est entrain de naitre dans la société, c’est là que réside l’espoir »

Sharma DEVINDER

Evolutions de l’agriculture …

Ana PRIMAVESI qui propose de rompre le deal entre agriculture et industrie. Ana est docteur en microbiologie des sols. Elle s’oppose aux techniques enseignées préférant une relation plus intime avec la terre. Elle propose ses techniques d’avant garde au Brésil afin de lutter contre un risque de pénurie alimentaire généralisée.

Elle décortique avec finesse le modèle de l’agro industrie : les fabriques de tanks deviennent des fabricants de machines agricoles. Les industries chimiques qui produisaient les nitrates pour l’armement se reconvertissent en fournisseurs d’engrais et de pesticides. Cette industrie fera d’énormes bénéfices sur le dos de la nature et des agriculteurs. Elle prône un usage limité de la technique de labours mécanique afin de régénérer le sols. Ceci me questionne toujours sur l’intérêt de labourer mécaniquement les sols.

N’avez-vous pas remarqué l’embonpoint des tracteurs et du matériels agricoles ces dernières années ? S’agit il d’un signe de virilité et/ou la volonté d’écraser la terre et la nature ?

L’enjeu des semences …

Dominique GUILLET est le président fondateur de KOKOPELLI. Cette association milite pour la sauvegarde de la biodiversité des semences. Aujourd’hui, les semences, éléments de base de l’agriculture sont confisquées par les industriels et d’une poignée de multinationales qui deviennent alors un « passage » obligé pour la grande majorité des agriculteurs du monde.

Ces acteurs imposent leurs variétés dans des listes validées par les pouvoirs publics. Il devient impossible de reproduire les végétaux d’année en année créant ainsi une dangereuse dépendance économique du monde agricole. De plus, ces industriels imposent les réglementations locales pour promouvoir leurs produits en interdisant les variétés locales adaptées et donc plus résistantes. Les variétés stériles et non reproductibles représentent leur fond de commerce. Ces variétés imposées sont présentées comme très productives, mais sans aucune qualité gustative.

Pour lutter contre cette dépendance, KOKOPELLI favorise la diffusion d’une véritable banque de semence à échelle mondiale. Certaines graines sont distribuées gratuitement dans les pays du tiers-monde. Je tiens ici à rendre un hommage appuyé à Dominique pour avoir maintenu son cap. Aujourd’hui KOKOPLLI est installée dans le paysage mais il a du subir des pressions et procès multiples.

En guise de conclusion …

Quel plaisir de parcourir ce livre. Au fil des pages, j’ai ressenti d’énormes bouffées d’énergie positive ! Ces témoignages criants nous prouvent qu’il est fort heureusement possible de remettre les choses dans le bonne ordre, avec bon sens, dans le respect strict des hommes et de l’environnement.

Ce livre est un véritable déclencheur à l’action et à la mobilisation collective vers le mieux et l’épanouissement de l’être. Comme c’est rassurant de lire autant de témoignages positifs et de se dire qu’aux quatre coins de la planète d’autres se préoccupent aussi du devenir de notre planète et qu’ils agissent avec succès. Ces paroles vont exactement dans le sens que je veux donner à mon engagement : fédérer, proposer et agir concrètement !