SI vous avez eu l’occasion de lire mon billet publié le 4 janvier dernier sur ce blog et intitulé « Résolutions » vous connaissez déjà le collectif des Ecolohumanistes. Pour celleux qui le découvrent, ce groupement est animé par Romain HAONFAURE et Jean-François ROCHAS-PAROT. Ce collectif conçoit, fabrique et diffuse des outils visant à aider la transition personnelle. En ces périodes troublées, transiter devient presque une exigence. C’est tous le sens des travaux réalisés par les deux hommes, apporter du support à celleux qui sont à la recherche d’une vie un peu plus vertueuse et qui veulent s’engager dans une démarche de changement. Il y a quelques mois je recevais à mon domicile un petit ouvrage intitulé « Le REVE » écrit par ce collectif. Je l’ai déjà lu une première fois, puis plus récemment à nouveau tant son contenu fait réfléchir. Derrière ce titre « Le REVE » il se cache un véritable projet de société. En effet, le REVE signifie revenue émancipateur pour vivre épanoui. Je vous propose une petite visite guidée du concept.
Des constats, toujours des constats …
La situation est alarmante. Toutes les études scientifiques convergent pour nous dire qu’il faut radicalement changer nos modes de vie si l’on souhaite conserver une planète terre habitable. Partout la biodiversité s’écroule, le réchauffement climatique est visible avec ses effets, les inégalités sociales se creusent. Nous devons urgemment modifier nos habitudes, mais nous avons l’impression que nous n’y arrivons pas.
Nos sociétés mondialisées se trouvent dépendantes d’une économie capitaliste destructrice et mortifère. Comment se fait-il que nous n’arrivons pas à être plus critique sur nos modes de vie et surtout à pouvoir collectivement remettre en cause cette routine qui bousille notre environnement, notre planète et nos vies ainsi que celles de nos semblables ?
Toutes ces réflexions reviennent souvent à la même cause : l’emploi. En effet nos principaux leviers de subsistance proviennent de nos emplois et des salaires que nous touchons de nos employeurs en échange de notre travail. Le système semble nous obliger à toujours plus de dépenses pour assouvir ces besoins que le marketing des grandes entreprises imaginent. Nous tombons dans une sorte de chantage à l’emploi et nous devenons ainsi asservi à un système qui dicte nos faits, nos gestes comme des bons petits soldats … Que c’est triste !
Un autre rapport de force …
Pour sortir de cette spirale destructrice, il devient urgent et impératif d’imaginer, de créer un autre rapport de force. Il faut pouvoir créer les conditions qui permettent de pouvoir dire non et ainsi d’avoir la possibilité de quitter le système et envisager un autre avenir. C’est exactement ce que propose Jeff et Romain à travers le REVE : pouvoir proposer un revenu émancipateur qui permet de vivre de manière épanouie. Ce revenu permet de dire non aux emplois mal payés, aux mauvaises conditions de travail, de quitter des entreprises qui fuient les impôts ou qui ont des activités particulièrement polluantes. L’emploi ne deviendra plus la centralité pour survivre !
Ce « non » permet de se transposer dans un oui émancipateur puisque celleux qui touchent ces revenus vont pouvoir s’orienter vers des projets qui sont porteurs de sens, dans des métiers qui plaisent tout en favorisant le bénévolat associatifs par exemple. Rappelons que les associations génèrent en France plus de 3,3% de notre PIB. La devise de la France d’un pays de liberté retrouve ainsi son sens, puisque chacun.une pourra grâce à ce REVE choisir ses activités !
Le Concept du REVE …
Il s’agit d’un revenu universel qui serait octroyé à chaque adulte ainsi qu’à chaque enfant. Le REVE propose de verser 1000 Euros par mois pour les adultes et 500 Euros par mois pour les enfants à l’ensemble de la population française. Ce montant de 1000 Euros est déterminé par le seuil de pauvreté (chiffre 2015). Il est évalué à 1158 Euros en 2021.
Encore un truc qui n’est pas financé …
J’entends d’ici les remarques sur le coût engendré par une telle mesure. Là encore, Jeff et Romain restent particulièrement pragmatique. La solution est simple : taxer les revenus à hauteur de 50% et taxer également l’ensemble du patrimoine net possédé (patrimoine moins les dettes) à hauteur de 1%. Le budget nécessaire à la mise en place du REVE intégrera également les budgets des différentes prestations sociales et allocations diverses qui se trouvent remplacées avantageusement par le REVE (RSA, allocations familiales, APL, …).
Bien évidement les prélèvements nécessaires au REVE remplacent l’impôt sur le revenu (IR) mais également les taxes foncières. Prélever ces sommes sont importantes pour continuer à financer l’ensemble de nos services publics (santé, éducation, …).
Questions critiques …
J’entends également certains s’exclamer ainsi : « Mais plus personne ne vas vouloir travailler ! » : La mise en place du REVE rendra les travailleurs.euses beaucoup plus exigeants sur leurs travails. Mais imaginez-vous quelqu’un ne rien faire de ses journées ? Quid des activités bénévoles que certains.aines dispensent dans les associations par exemple. Ils.elles contribuent à faire vivre notre société de manière bénévole. Il ne parait pas choquant que ces derniers puissent bénéficier d’une rémunération en compensation du travail fourni. Ce qui peut sembler choquant c’est plutôt le fait que déposer une vidéo sur une plateforme en ligne puisse générer de l’argent.
Les riches sont également impliqués dans la démarche puisque chacun contribue selon ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins. Cela parait indispensable pour que notre société reste unie dans une forme d’égalité de traitement et dans une démarche d’appartenance commune.
D’autres penseront surement que la valeur travail va encore en prendre un coup. Vous trouvez normal qu’un agriculteur puisse travailler 70 à 100 heures par semaines pour gagner à peine un SMIC ? Quid de certaines femmes qui doivent cumuler plusieurs petits boulots enchainant ainsi des pauses et une fortes amplitudes horaires. N’oublions pas également les travailleurs « uberisés » et exploités par les grandes plateformes qui génèrent du profit sur les dos des travailleurs précaires. L’état doit compenser et mettre la main à la poche en versant une prime d’activité à ces salariés. Le REVE serait donc une alternative intéressante pour l’ensemble de ces travailleurs.euses.
Des propositions pas si nouvelles …
En 2017 en pleine campagne des élections présidentielles, Benoit HAMON proposait la mise en place d’un revenu universel. Mais ce concept n’est pas si récent que cela. Bien au contraire. Au 16 ième siècle, Thomas MORE, philosophe imagine une sorte d’Ile idéale ou chacun pourrait vivre sans dépendre de son travail. Au 18 ième siècle un intéressant concept de fond alimenté par les propriétaires à destination des « sans terres » germe dans la tête de Thomas PAINE. Ce revenu doit pouvoir aider celleux privées de terres pour aider à subvenir à leurs besoins.
Dans les années 60, aux États-Unis, l’automatisation des tâches augmente la pauvreté. Robert THEOBALD milite pour une déconnexion des revenus du travail. Milton FRIEDMAN lui propose une garantie universelle appelée « impôt négatif » et la suppression de tous les programmes d’aides. En France, c’est André GORZ qui plaide pour un revenu d’autonomie qui devrait permettre de sortir de l’aliénation par le travail. Depuis 2010 le sujet revient sur le devant de la scène avec la numérisation des tâches qui s’accentuent par le rôle grandissant et inquiétant de l’intelligence artificielle. Benoit HAMON était il visionnaire il y a quelques années ?
Mona vis sur le REVE …
Personnellement la lecture de ce petit ouvrage très bien écrit et documenté par Romain et Jeff m’a profondément convaincu de l‘intérêt de la mise en place d’un tel revenu. Il est temps de partager les gains de productivité que le progrès technique et technologique a apporté ces dernières décennies si l’on ne veut pas assister impuissant à l’implosion de notre société. Ce REVE doit permettre d’insuffler des dynamiques nouvelles vers plus de justice sociale et environnementale, plus de solidarité et un meilleur épanouissement personnel. Il est temps de choisir entre « vive pour travailler » ou « travailler pour vivre ». Pour lire l’ouvrage “Le REVE”, c’est par ici.