L’avant dernier numéro (février / mars 2024) de la revue « Socialter » nous invite à nous questionner si l’écologie est un truc de bourgeois ? L’écologie est t’elle une affaire de classe ? Une question bien réelle et à ne surtout pas éluder surtout si l’on souhaite faire bouger les lignes vers plus d’écologie, en impliquant le plus grand nombre. Le cap est pourtant clair : Il nous faut arriver collectivement à bâtir une écologie populaire si l’on veut pouvoir emprunter, ensemble les chemins vers une bifurcation nécessaire de nos modes de vies et de nos modes de consommations. Bâtir une écologie de rupture ne peut se faire sans le peuple, sans le plus grand nombre et en embarquant dans un futur désirable l’ensemble des classes populaires.
La situation actuelle …
Pour le plus grand nombre, l’écologie se résume par quelques campagnes de sensibilisation et/ou aux injonctions délivrées par les campagnes du gouvernement : manger bio, économiser l’énergie, … De manière caricaturale, ces éco-gestes ne semblent être seulement accessibles et pratiqués par les ménages les plus aisés. Que c’est triste !
Quelques années après le mouvement populaire des gilets jaunes ou l’on a pu voir fleurir un slogan intéressant en terme de sens « fin du monde, fin du mois, même combat », le fossé persiste toujours malgré un péril climatique qui nous interpelle toujours un peu plus chaque jour …
La vision moraliste ou réductrice que certain.e.s veulent bien nous imposer n’est absolument pas la bonne pour insuffler un changement collectif nécessaire. Il apparait fondamentale de briser les cases ou l’on cherche à nous ranger.
Oui, on peut être soucieux de l’environnement et aimer manger une bonne grillade au barbecue tout comme manifester dans la rue pour la justice climatique ne doit pas conduire à faire de la personne qui manifeste un terroriste. Les phrases ou les tweet dispensés par certain.e.s peuvent avoir un terrible effet contreproductif en exacerbant les tensions et donc la division. Il n’y a pas les bons et les méchants, c’est un peu plus compliqué que cela. Cette vision trop simpliste et réductrice d’une société ou il y a les bons d’un côté, et les méchants de l’autre ne peut nous permettre d’envisager sereinement le défi fondamentale qui se présente à nous et que nous devons relever.
Ce qui est sûr par contre, c’est bien que les classes populaires durement frappés par les effets d’une inflation imposée et galopante doivent déjà ramer pour boucler leurs fin de mois. Tout ceci nourri un sentiment fort d’impuissance ou l’on à l’impression que les mesures mises en place conduisent à encore compliquer encore plus la vie de celles et ceux qui souffrent au quotidien. Au final les classes populaires semblent rester à distance à distance d’une écologie perçue comme bourgeoise ! Hyper dommage !
Les riches qui explosent leurs compteurs carbone …
Une fois de plus, la loi des 20/80 s’appliquent ! Les classes aisés sont responsable de 80 pour-cent des émissions de carbone. Voyages à répétition et à l’autre bout du monde, usage intensif des jets privés et des bateaux de luxe hyper polluants ne sont que quelques exemples des attitudes dispendieuses en terme de carbone que pratique la classe dominante.
Du coté des plus modestes, l’on prône la seconde main et la réparation de sa vielle voiture que l’on pousse le plus souvent, jusqu’à « la corde ». C’est tout un mode de débrouille peu générateur en terme de CO2 que la vie modeste impose depuis déjà bien longtemps. Par contre, ce sont bien les plus modestes d’entre-nous qui pâtissent le plus de la crise climatique en souffrant des nuisances environnementales !
Et par le passé ?
L’écologie, c’est aussi défendre ses conditions d’existence et le droit à évoluer dans une environnement sain, sécurisé et de ce coté là, les classes populaires ont été les premières à se mobiliser. Depuis le début de l’industrialisation, l’histoire est jalonnée de ces luttes. Même si ces dernières sont toujours tiraillées entre la défense de l’environnement et le maintien voir le développement de l’activité économique, donc de l’emploi (argument rodé avancé presque systématiquement par la classe dominante comme une vielle ficelle), malheureusement ces luttes ont été oubliées voir même passées sous silence.
En France, la lutte emblématique contre le projet nucléaire à Plogoff en Bretagne entre 1976 et 1981 est bien ancrée dans la lutte populaire. Cette lutte mobilisatrice et victorieuse (puisque le projet sera abandonnée par François MITTERRAND à son arrivée aux affaires en 1981) reste particulièrement positif dans l’opinion publique. Cette lutte est un véritable exemple d’une capacité à fédérer des citoyen.e.s, paysan.e.s, militant.e.s écologistes, … vers le succès !
L’écologie : une affaire de classe ?
Alors oui, l’ardoise écologique ne doit pas être uniquement réservée au plus modeste. L’empreinte écologique des plus aisés ne doit pas être réglé par les classes populaires. Et même si la tâche est grande, peut être (surement) conflictuel, il faudra pouvoir en débattre démocratiquement. La question des inégalités devra se trouver en position centrale dans le débat, pour bâtir une véritable écologie politique et populaire afin que le plus grand nombre puissent se mettre en mouvement. Le changement s’impose à nous ! Comme disait le paysan pauvre Brésilien Chico MENDES, « l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage ! ». Pour contredire Bruno LATOUR, impossible d’évacuer la question de classe. Place à l’écologie populaire !