Socialter, le magazine de “critique radicale et alternatives” propose pour son numéro d’Octobre – Novembre 2023 un dossier très complet intitulé « la tragédie de la propriété ». Ma première impression à la vue de cette thématique n’a pas forcément été positive je dois l’avouer. Je me suis dit … « voila un sujet bien banal … » qui n’est absolument pas dans la lignée des derniers numéros que j’ai tellement appréciés. Il est vrai qu’après le hors-série « ces terres qui se défendent » évoqué ici précédemment, la barre était particulièrement haute. Et bien, je dois humblement reconnaitre que je me suis trompé car une fois de plus, Socialter a réussi à travers ce numéro à piquer au vif mon attention, me faire réfléchir et découvrir d’autres modèles … Comme quoi, il faut savoir chasser les aprioris, sortir de sa zone de confort et surtout surtout rester curieux et ouvert d’esprit !
La propriété à tout prix …
Dans notre société moderne la proprieté, qu’elle soit privée ou publique ne garantit-elle pas à son propriétaire le droit d’user d’une chose ou d’une ressource (l’usus en latin), d’en percevoir les fruits (fructus), mais surtout de la vendre ou d’en disposer sans aucune limite ?
Interrogez-vous, mais rien aujourd’hui ne vous empêche de détruire votre appartement, votre maison mais également l’ensemble de l’écosystème qui occupe votre terrain … Assez dingue non ? Vous êtes propriétaire, vous avez même le droit de détruire votre patrimoine, de l’exploiter jusqu’à la lie …
Dans notre société, la propriété est érigée en but ultime et suprême. Elle devient ainsi un des piliers important du monde capitalistique qui nous entoure. Sans renier l’importance d’avoir un toit sur la tête en guise de protection, de se constituer un capital que l’on pourra par la suite transmettre à sa descendance, la propriété encourage tout de même l’épuisement de la nature, des ressources et la destruction du vivant. Cette sacro-sainte propriété devrait donc évoluer. La remise en question de ce droit intouchable doit devenir une nouvelle norme.
“faire de la France un pays de propriétaires”
Nicolas SARKOZY – 2007
Et comme toutes les exagérations ne sont jamais bonnes, n’avez-vous pas dans vos relations une ou deux (peut être plus …) personnes qui se vantent d’investir dans l’immobilier ? Vous les voyez ces immenses projets qui dévorent les terres agricoles autour de nos villes ? Vous n’avez jamais vu ces publicités qui mettent en avant l’intérêt de faire de l’investissement locatif pour réduire vos impôts ?
« Quand le bâtiment va, tout va » est l’adage clef de l’économie française, alors chaque gouvernement successif y va de son plan dédié … SCELIER, DUFLOT, PINEL, … ça vous parle ? Il faut bien (re) lancer la machine et l’activité des affreux bétonneurs et de ces grands groupes du BTP.
Limites d’un système …
Mais nous constatons tous que ce modèle commence à donner bien des signes de faiblesses. L’urbanisation galopante dévore nos terres les plus fertiles détruisant les éco-systèmes et favorisant le recul de la biodiversité. La spéculation immobilière nous conduit à une hausse vertigineuse des prix qui prive un grand nombre de personne de la capacité de pouvoir se loger dignement. La frénésie de construction boostée par les aides publiques et les incitations diverses contribue à la dévalorisation du bâti existant : la société encourage la construction neuve plutôt que la rénovation. Des millions de mètres carrés parfaitement utilisables sont ainsi dévalués, voir même rejetés ou démodées.
D’autres possibles …
Mais face à ces constats et à ces logiques d’appropriation marchande il existe bien d’autres modèles possibles et désirables pour se défendre contre la spéculation, l’accaparement en défendant le vivant et contre les projets écocidaires. De nombreuses initiatives sont ainsi mises en lumière dans ce numéro de Socialter comme par exemple la possibilité de donner des droits à la nature, en rachetant des terres dans une logique de préservation ou de mise à disposition à des agriculteurs exploitants sensibles aux vivants, … L’usage doit impérativement primer sur la propriété.
De nombreuses structures comme Terre de Liens, la foncière Antidote envisagent des nouvelles approches. Dans le quartier libre des Lentillères à Dijon, l’on envisage l’avenir à travers une Zone d’Ecologie Communale (ZEC) qui fait beaucoup parler. Les tiers lieux fleurissent sur notre territoire, dans nos compagnes comme autant de promesses et d’approches collectives dans une parfaite logique de partage.
Vous pensez toujours que la propriété est la seule et unique solution aux maux qui rongent notre société ? Si le sujet vous intéresse, permettez moi un petit conseil : Plongez-vous dans la lecture de ce passionnant numéro de Socialter.
1 commentaire
C’est bien dit RÉGIS. Ces immenses projets qui dévorent les terres agricoles autour de nos villes. C’est l’urbanisation détruisant les éco systèmes et favorisant le recul de la biodiversité. Le numéro de Socialter doit être intéressant à lire.