Les opposants de plus en plus nombreux au commerce électronique évoquent régulièrement une étude réalisée par l’assureur Allianz et le cabinet Euler Hermes. Cette étude a été publiée en janvier 2020. Elle est largement mise en avant par les contradicteurs des projets d’implantation d’entrepôts logistiques des géants comme Amazon ou Alibaba. Réalisée juste avant l’arrivée de la crise sanitaire mondiale du Covid19 l’analyse proposée se focalise sur les impacts humains et économiqueS du développement du e-commerce aux Etats-Unis. Je vous propose à travers ce billet d’en retenir l’essentiel.
Focus sur les Etats-Unis …
Pour commencer, l’on à souvent coutume de dire que les États-Unis sont précurseurs. Il est indéniable que ce pays figure en général parmi les premiers à s’engager dans des tendances diverses. bien d’autres pays emboitent en général le pas aux USA avec quelques années de décalage. Alors oui, le choix des rédacteurs de l’étude de choisir ce pays parait plutôt bien approprié. De plus, la première puissance économique mondiale reste un modèle à analyser de part la forte densité de son tissu commercial.
Que faut-il retenir de cette étude ?
C’est tout d’abord la fermeture de plus de 56 000 commerces aux USA depuis 2008. Derrière ce chiffre très important, il y a des hommes et des femmes qui travaillaient dans ces commerces. Ce ne sont pas moins de 670 000 emplois détruits depuis 2008. Cela représente presque 10% des effectifs œuvrant dans le commerce aux États-Unis.
Sont particulièrement touchés par ces fermetures, les libraires, marchands de jouets, les disquaire, … Il est indéniable que le développement du numérique et de ses déclinaisons à profondément modifié notre rapport aux objets. Par exemple, la dématérialisation de la musique vers le support numérique à fini par presque tuer le bon vieux CD. Vous vous souvenez ? Celui que l’on avait plaisir à acheter chez son disquaire. Autre exemple, les livres. Ils se lisent de plus en plus sur des liseuses mais heureusement le support papier à encore ses adeptes (minoritaires). Il est sur que les nouvelles technologies de l’information et de la communication contribuent à la création d’emplois mais qu’en est-il exactement ?
Un ratio déséquilibré …
Si l’on rapproche les créations d’emplois issues des nouvelles technologies et les suppressions de postes dans le commerce traditionnels, l’étude évoque que la création d’un emploi dans le e-commerce conduit à détruire 4,5 emplois dans le commerce traditionnel !
Malmené ?
Depuis 2015, les grandes enseignes, comme les petits commerçants sont malmenés par la concurrence des opérateurs du commerce électronique. En outre, la concurrence frontale exacerbée diminue fortement la profitabilité des commerçants traditionnels. L’érosion des parts de marché devient une triste réalité. Depuis 2008, plusieurs grands groupes vont connaitre la banqueroute. Les secteurs de l’habillement, du jouet ont été fortement impactés. L’on se souvient bien de la fin du géant du jouet Toys’R’Us.
Ce colosse paraissait pourtant indestructible … mais le e-commerce à eu raison de sa puissance. Alors que dire de l’avenir du petit commerce face à ces mastodontes ? Seule la prise de conscience de l’intérêt de consommer locale pourra permettre à nos commerçants locaux la survie.
Un peu de prospective …
L’étude extrapole ce qui pourrait se passer en 2025. Les comptes sont édifiants. Il est évoqué la disparition de plus de 500 000 emplois et la fin de plus de 30 000 commerces aux USA. De nombreux secteurs du commerce jusqu’ici relativement épargnés seraient également touchés comme la parfumerie, l’équipement de la maison, la fourniture industrielle, …
Derrière cette grande bascule c’est l’ensemble des métiers du commerce qui se transforment ou disparaissent le plus souvent. Les vendeurs spécialistes et qui dispensent des conseils sont petit à petit remplacés par des logisticiens et des informaticiens. Vive la déshumanisation à marche forcée pour le consommateur. C’est la fin du conseil et de la relation humaine.
Pour conclure …
Cette étude nous éclaire sur l’évolution d’un modèle commerciale qui se numérise de plus en plus. Cette étude n’intègre pas les effets accélérateurs sur le commerce provoqués par la crise sanitaire que nous traversons. Les grandes plateformes en ligne tirent l’avantage de cette crise et développent encore plus leurs puissances sur le marché.
Les constats réalisés aux USA sont souvent ceux que nous pourrons faire dans quelques années en Europe et en France. Nous nous retrouvons donc face à un important dilemme à l’heure ou des grands noms comme Amazon ou Alibaba avancent masqués et tentent de multiplier les projets d’implantations pour mailler le territoire national.
Cette étude fait l’impasse sur les questions environnementales que génèrent un tel modèle commercial comme l’artificialisation des sols, la multiplication des transports polluants (avion, camions, …) et l’obsolescence des objets. Les questions sociales ne sont pas du tout intégrées dans cette étude … La question des profits réalisés par ces grands groupes et l’évasion fiscale que tout ceci génère est également éludée.
Des élu(e)s en mal d’affichage de résultats dans le domaine économique se laissent piéger par les sirènes évoqués par les intermédiaires de ces grandes plateformes. Enfin, accepter de négocier et d’implanter ce type de plateforme logistique conduira nécessairement à encore plus faire souffrir le commerce local, celui de nos cœurs de ville et des zones commerciales qui encadrent (malheureusement) nos villes. Pour conclure, celles et ceux qui acceptent ce modèle devrons assurer les conséquences d’un chômage galopant dans le commerce et de futures friches commerciales sur leurs territoires … Il est encore temps en France de faire d’autres choix !
2 commentaires
Les enseignes du e-commerce sont tellement peu respectueuses de leurs employés. La Revue Dessinée (n°29) l’évoque dans son article Amazon Chair à carton.
Effectivement Sophie … cela est à ajouter à la longue liste négative de ces enseignes … Derrière ces enseignes c’est un modèle de société que nous refusons ! A bientôt