La Tyrannie des marques ou « No Logo » est un livre paru en janvier 2000 et écrit par la journaliste canadienne Naomi KLEIN. No Logo est un des livres de référence de l’altermondialisme.
Un livre en 4 parties …
Tout d’abord, à travers 4 parties intitulées Zéro Espace, Zéro choix, Zéro Boulot et pour finir Zéro Logo, Naomi dresse un état de lieux très argumenté de la société de consommation. Les abus des grandes marques y sont décortiqués et analysés avec détails. Les stratégies sont mises en lumière. De manière plus générale, l’auteur(e) dresse un bilan sur la tournure que prend la mondialisation économique, sur le pouvoir grandissant des sociétés multinationales et en conséquence sur les mouvements de résistance à ces grandes compagnies. Plus précisément, Naomi nous embarque dans les méandres de l’économie mondiale et de ses travers.
L’atelier du monde …
En faite, on y découvre par exemple le tableau édifiant des marques qui se concentrent exclusivement sur le développement et le marketing. La fabrication des produits se réalise à l’autre bout de la planète via des ouvriers exploités par des sous-traitants au mépris des règles élémentaires de sécurité et des droit humains. L’exemple des ateliers de fabrication (sweatshop dans le livre) de vêtements est souvent évoqués dans l’ouvrage, celui de ses ateliers de misère ou les ouvriers y sont si mal payés alors que les produits confectionnées la bas son vendus ici, à des prix étonnement élevés.
Là bas, on parle de prix de détail, ou de prix à la tache pour les salaires. Un moyen pour les employeurs de se soustraire à la question d’un salaire minimal. Les zones franches mondiales sont devenues des zones de non-droits largement utilisées par les grandes entreprises pour y faire fabriquer à bas coût leurs produits par des intermédiaires qui sont sans aucun scrupule. Les droits humains élémentaires y sont bafoués.
L’exploitation des matières premières …
Les stratégies des grandes sociétés qui exploitent les matières premières sont aussi évoquées. Tout ceci s’opère dans des pays lointains sans considération pour l’environnement, les peuples locaux et sous couvert de chantage et de corruption politique.
La manipulation des esprits …
No Logo s’intéresse aux méthodes des grands groupes pour s’introduire dans la vie quotidienne des consommateurs. A travers des opérations de mécénats ou de sponsoring par exemple, ces derniers cultivent leur image. La privatisation progressive des secteurs de l’éducation, de la santé ou de la culture est un formidable moyen pour ces groupes de développer leur emprise sur les consommateurs.
Résistance ?
Bien évidement et le chapitre Zéro Logo est une longue description des formes de résistance. L’invasion de l’espace public est un moyen de se ré-approprier un peu de liberté. Ceci est largement évoqué avec des actions très concrètes qui visent à repousser progressivement la main mise des grands groupes sur notre quotidien.
Témoigner efficacement des abus commis sur les lieux de travail en expliquant les causes, les conséquences et en fédérant les initiatives. Dans le livre y sont retranscrit les victoires de plusieurs mouvements. Par exemple concernant le travail des enfants pour le compte de grandes marques. L’internet permet d’organiser les solidarités internationales et de créer des mouvements populaires puissants. Le réseau permet aussi de témoigner effacement de ce qui se passe alternativement ici dans nos centres commerciaux ou à l’autre bout du monde, au fond des ateliers.
« SVP, utilisez votre liberté pour promouvoir la notre » Aung SAN SUU KYI
Mon avis sur No Logo …
Ce livre a rencontré un important succès parmi le mouvement altermondialiste et il a été traduit en 28 langues. Après lecture, je comprends beaucoup mieux les raisons de se succès. Ce livre ouvre littéralement les yeux du lecteur. Il apporte de la lucidité sur ce monde de la consommation. Il met en lumière ses pratiques douteuses.
Bien qu’écrit il y a déjà plus de 20 ans, les constats mentionnés dans cet ouvrage sont malheureusement toujours valide. Les méthodes pratiquées par les grands groupes sont toujours les mêmes. Les abus sont toujours similaires.
En fait, dans le livre Naomi KLEIN évoque essentiellement les activités des groupes manufacturiers. 20 ans après, force est de constater que les grandes marques du numériques utilisent les mêmes stratagèmes pour prospérer.
Et maintenant ?
Il y a 20 ans, la prospérité relative de nos sociétés y était évoquées. Les pays lointains localisent majoritairement les travailleurs pauvres. Que dire de l’avènement des plateformes internet et la remise en cause régulière des droits du travail ? Tout ceci conduit à l’explosion de la précarité. Les exploités évoqués par Naomi sont maintenant dans les rues de nos villes. Ils travaillent pour Uber et d’autres par exemple en livrant des repas ou en concurrençant les taxis … Il y a bien d’autres exemples à citer …
Le code du travail qui est régulièrement détricoté conduit à toujours plus de régression de nos modèles. Ils doivent pourtant être protecteur mais ils sont autant d’entrave à la liberté d’entreprendre vantée par les libéraux. Par exemple, la multiplication des petits boulots de quelques heures, et souvent très mal payés est régulièrement utilisé par les grands groupes et les grandes enseignes dans le commerce où la restauration. C’est un moyen évident d’asservir les effectifs.
L’atelier du monde décrit par Naomi KLEIN existe toujours et fait toujours autant de dégât. Ces pays sont devenus de véritable zone de production et de fabrication qui échappent aux contrôles. Les conditions de travail y sont toujours aussi déplorables. Le mépris des règles y est la norme. Que dire du transport polluant nécessaire pour faire revenir ici ces produits …
Interpeller nos politiques …
Exactement ! Ils doivent être eux aussi des militants. Par exemple, ils peuvent agir à travers la commande publique pour imposer des exigences, le respect des normes tout ceci dans le respect évident des règles de concurrence mais cela est possible.
L’environnement comme levier …
En revanche, en 20 ans, la cause environnementale fait son chemin dans l’opinion. Celle de la souveraineté commence à apparaitre avec la crise du Corona Virus que nous subissons. Il faut souligner que la volonté du « produire locale » reviens dans l’opinion. Ceci est de nature à faire évoluer les lignes.
Que faire et comment faire ?
Ce qui n’a absolument pas changé, c’est le pouvoir du consommateur. Tant que nous disposons d’encore un peu de moyen financier, nous pouvons influer par nos actes d’achats. A nous d’être le plus vigilant possible c’est tellement important pour l’avenir.
« Le leader que nous cherchons, c’est nous même! » Naomi KLEIN
En somme, nous devons aussi faire preuve d’une extrême vigilance. Ces grandes organisations disposent de solides compétences. Plus précisément, la communication est une composante importante de leurs spécialités. Elle est souvent utilisée pour brouiller les pistes et créer des écrans de fumée sur les intentions réelles. A nous d’en décrypter les stratégies.
Pour conclure, alors oui, ce livre est une sorte de « bible » avec ses 800 pages. Il faut reconnaitre que même si cette ouvrage peut rebuter par son longueur et sa densité, il est pourtant tellement inspirant.
Cependant, le mouvement altermondialiste a considérablement muté depuis 20 ans. Plus précisément, aujourd’hui avec l’avènement des mouvements écologistes, les mobilisation contre l’austérité et plus généralement les mouvements citoyens, cet ouvrage est toujours d’actualité. Il contribue efficacement à témoigner d’un monde, de ses méthodes et d’un système qu’il faut obligatoirement changer pour espérer encore un avenir à l’homme.
Finalement, avec l’avènement des réseaux, de l’internet et du local nous pouvons contribuer à un large mouvement citoyen à la fois « high tech » et surtout populaire pour faire évoluer largement la société. Pourtant, L’urgence écologique, sociale et économique nous impose obligatoirement l’action.
3 commentaires
Un livre et une analyse inspirants. Un sujet toujours au coeur de l’actualité, 20 ans après.
le plus souvent les employés dorment sur place pour être plus près de leur travail dans des espèces de dortoirs qui me font penser à des clapiers insalubre.
Bonjour ! Vous avez raison c’est ignoble et indigne ! Cela est évoqué dans le livre …