Il y a quelques mois la réforme des retraites était au cœur de l’actualité. Les manifestations s’enchainaient à un rythme effrénée pour tenter de faire plier le gouvernement. Partout les cortèges arpentaient les rues, y compris, à la surprise générale dans des petites villes habituellement calmes. L’unité syndicale fédérée et solidaire a tenté jusqu’au bout de faire plier le gouvernement sur cette question. Le combat syndical était largement légitimé par l’opinion qui rejetait majoritairement (pour plus de 70% des actifs) cette réforme. Au final, le gouvernement à choisi sans aucun débat de passer en force son projet en utilisant l’arme du 49.3 dans un réel déni de démocratie. C’est en passant par Pesmes ,à l’Arbre sans Fin, ma librairie préférée que je découvre sur les rayonnage quelques ouvrages rassemblés sur la thématique du travail, de la retraite, des manifestations et des mouvements populaires … Anne-Lise notre libraire a choisi de coller à l’actualité du moment … Merci à elle. J’ai le privilège de pouvoir feuilleter un exemplaire de Paris Match imprimé en Mai 68 et qui relate des événements historiques qui secouèrent notre pays avec les avancées bien connues. Mon regard est absorbé par un petit ouvrage de l’auteur Yves PAGES intitulé « Petites natures mortes au travail » publié chez Folio dans les années 2000 et évoqué dans ce billet.
Que trouver dans “Petites natures mortes au travail” ?
L’auteur, Yves PAGES y relate, sous forme de 23 très courts récits le monde du travail. Ces petites histoires évoquent en fait, vingt-trois personnages dans leurs professions respectives. Ces métiers que l’on pourrait qualifier de « petits métiers » sont pour les héros de ces histoires absolument pas choisis mais plutôt imposés par la nécessité d’avoir un métier, un travail pour (sur)vivre. Des métiers qui comme le terme « morte » utilisé dans le titre par l’auteur sont frappés par une certaine forme de précarité. Celle-ci devient tant la norme dans nos sociétés dopées par la performance et le résultat financier et ses dérives humaines associées. De l’emploi à France-Travail il n’y a parfois qu’un pas ou « la rue à traverser ». Ce livre témoigne des bouleversements dont souffre le monde du travail.
De manière très ironique l’auteur évoque les noms ou qualificatifs de ces métiers comme pour nous faire prendre conscience du ridicule de ces petits métiers que nous impose nos sociétés consommatrices. L’on parlera ici de « videurs posthumes de greniers, ex-psychiatrisés en rééducation taylorienne, retourneurs de crêpes en hiver, cracheurs de white-spirit, fleuristes itinérantes, opératrices de saisie bancaire, licenciés en sociologie du licenciement, … ».
23 portraits …
Au delà de ces dénominations de fonctions surprenantes qui peuvent faire sourire (ou pleurer c’est selon) l’auteur à travers ces vingt-trois portraits dénonce l’aliénation et la précarité du salariat moderne qui devient malheureusement de plus en plus la norme. Sur ces sujets, de la fiction à la réalité, y a t’il moins d’un pas ? Le lecteur pourra suivre tour à tour, les agissements d’un consultant d’entreprise « réducteurs » chargé de l’optimisation qui se retrouve « optimisé », d’un homme déguisé en « Pluto » dans un célèbre parc d’attraction qui supporte la chaleur excessive, les mains baladeuses et autres joyeusetés avec l’impression d’être dans un camp de travail, ou même ces secrétaires « clavistes » corvéables délocalisées de l’autre côté de la planète reliées aux décideurs par quelques « nouvelles vertus télématiques « …
Et pour simplement conclure …
La lecture de cet ouvrage pourra selon sa sensibilité sourire, mourir de rire ou … pleurer !