Je réagis volontiers à la proposition faite par « The Shift Project » de former les étudiants aux enjeux du réchauffements climatiques. Cette proposition a été relayée positivement par plus de 80 dirigeants de grandes écoles du pays. A contrario des pourfendeurs de la liberté académique qui défendent aussi leurs autonomies (ce qui est respectable) je m’inscris positivement dans cette dynamique.
Faire bouger les lignes par l’éducation comme le propose The Shift Project …
La situation climatique impose de bouger les lignes et les règles et de faire évoluer rapidement nos organisations. Il ne m’apparait nullement choquant que nos futures élites soient parfaitement à l’aise avec ces thématiques mais pas seulement …
J’irai même beaucoup plus loin dans la démarche proposée par The Shift Project. Nous avons affaire ici à une problématique de survie de l’espèce. L’enjeu est si important qu’il est nécessaire de revoir de fond en comble nos attitudes, nos collectifs et nos organisations. Une logique beaucoup plus « agile » doit prévaloir. comme celle qui est aujourd’hui appliquée dans pas mal d’entreprises en favorisant l’adaptation permanente.
« Prévoir consiste à projeter dans l’avenir ce qu’on a perçu dans le passé »
Henri BERGSON
De manière concrète et pragmatique il m’apparait fondamentale que les collectifs qui organisent nos vies comme les entreprises, les associations, les collectivités, … adaptent leurs organisations et leurs modes de fonctionnement pour intégrer cette question fondamentale.
Alors comment être plus concret ?
Dans les entreprises et selon la taille, la mise en place d’un Responsable développement durable s’impose. Ce dernier aurait des prérogatives larges sur ces questions en particulier l’impact de l’entreprise et de ses activités sur l’environnement. Cela irait beaucoup plus loin que le rôle actuellement dévolu au Responsable Environnement et Sécurité qui n’intervient malheureusement que sur quelques thématiques comme la gestion des déchets. Il dispose de si peu de pouvoir pour assumer une vision critique sur le reste des activités de l’entreprise et leurs impacts sur notre environnement.
Un rapport pourrait par exemple être publié tous les ans. Il pourrait sur l’évolution de l’impact environnemental des activités de l’entreprise. L’animation d’un plan de progrès obligatoire accompagnerait les documents comptables obligatoirement diffusés à l’administration fiscale. Les consommateurs seraient ainsi plus à même de juger de l’impact et des progrès de l’entreprise sur ces domaines. Tout ceci pourrait ainsi conditionner l’acte d’achat à la manière dont l’entreprise s’empare de ces sujets.
Et dans les collectivités ?
Au niveau des collectivités, il apparait fondamentale de structurer les réflexions. L’action environnemental autour d’un véritable porteur clairement identifié et disposant de prérogatives suffisantes pourrait faire bouger les lignes. Dans les communes, les EPCI l’élu(e) en charge de l’environnement et du développement durable devrait figurer obligatoirement dans les bureaux de ces collectifs. L’objectif serait dans un premier temps de sensibiliser ses autres collègues décideurs aux enjeux. Mais c’est surtout un véritable rôle de support « transverse » à l’animation de projet visant la réduction des impacts sur l’environnement des activités portées par la collectivité.
Mais dans de nombreuses communes, ce rôle existe déjà mais ses missions ne sont malheureusement cantonnées qu’à des questions de propreté publique … Elles sont bien éloignées de l’enjeu. Il faut aller plus loin et faire évoluer la loi avec des rôles et des missions clairement établis. Le Président(e) devrait être comptable et Responsable devant les citoyens de l’impact environnemental de la collectivité qu’il administre. Un bilan annuel pourrait être publié. La mise en place d’un plan d’action de progrès environnemental doit devenir une obligation pour les collectivité. Un peu à la manière des agenda 21 déployés il y a quelques années. Les collectivités sont très souvent sensibles à ces questions et je suis sur qu’une telle dynamique serait immédiatement engagé.
Les associations doivent évoluer rapidement …
Dans les associations, tous comme les statuts imposent les rôles de Président, Trésorier (à minima 2 personnes) et Secrétaire pourquoi ne pas structurer l’organisation associative avec un rôle supplémentaire. A savoir un Responsable développement durable ? Son rôle absolument central serait bien évidement de positionner les questions de l’impact des activités du collectif directement auprès des autres décideurs de la structure associatif. Véritable pivot, il pourrait beaucoup plus facilement être un acteur du changement. Il pourrait ainsi fédérer les autres acteurs de l’association autour de la prise en compte de ces enjeux dans les activités de l’association. La présentation d’un bilan environnemental en Assemblée Générale ainsi que d’un plan d’actions pourrait permettre de favoriser les dynamiques du changement. Tout ceci serait transmis à la Préfecture chaque année, comme le sont le procès verbal de l’Assemblée Générale de la structure et bien évidement accessible à l’ensemble des citoyens.
Et pour conclure, merci à The Shift Project de nous ouvrir ces voies de réflexion. Place à l’action maintenant !
7 commentaires
Ta réflexion est très intéressante Régis. Effectivement ce rôle doit être incarné dans les entreprises, les collectivités, les associations pour que les questions environnementales soient réellement prises en compte et conditionnent les prises de décision. Apparemment les lycéens peuvent maintenant élire dans chaque classe un délégué en charge de ces questions.
Des avancées qui doivent être amplifiées … à tous les niveaux de la société.
Merci Sophie de ta réaction ! En cherchant un peu il sagit d’Eco Délégués dans les classes, une volonté plutôt intéressante proposée par le Ministre BLANQUER. La mobilisation de la jeunesse sur ces thématiques devrait donc pouvoir trouver un relai de proximité en classe. A voir comment tout ceci va s’articuler avec la vie scolaire, l’établissement, … Il est important que ces étudiants motivés disposent d’un solide accompagnement et c’est un excellent moyen d’apprendre, de se mobiliser pour une cause au service des autres et de contribuer dès le plus jeune âge à donner toute l’importance que cette thématique mérite. Voir : https://www.bfmtv.com/societe/eco-delegues-au-college-et-au-lycee-pourquoi-la-proposition-de-blanquer-neconvainc-pas-1756914.html
Je suis perplexe sur l’efficacité de l’apprentissage des structures, souvent un marche-pied pour le « pouvoir-pour-le-pouvoir ».
Christian effectivement mais … la substance, le contenu, … reviendra au centre du jeu ! Les postes, les places, les promo ont si peu d’importance par rapport à l’enjeu qui lui est collectif !