Drones, logiciels prédictifs, vidéosurveillance, reconnaissance faciale, … toutes ces technologies sont de plus en plus utilisées par les forces de l’ordre et elles envahissent l’espace public. Industriels, haut.e.s fonctionnaires, élu.e.s tendent à banaliser le recours à l’usage de toutes ces « innovations ». Elles contribuent pourtant à placer le territoire sous contrôle sécuritaire dans une inquiétante dérive autoritaire … C’est tout l’objet de l’excellent livre de Félix TREGUER « Technopolice ».
Mais qui est l’auteur ?
Félix TREGUER est un chercheur, essayiste français, spécialisé dans les questions liées aux technologies numériques, aux libertés fondamentales et à la surveillance. Il est particulièrement connu pour ses travaux sur la gouvernance d’Internet, la régulation des technologies numériques, ainsi que les enjeux politiques et sociaux associés à ces sujets. Il a également été impliqué dans des activités militantes, notamment au sein de l’association La Quadrature du Net, une organisation française de défense des droits et libertés sur Internet très active.
Le travail de Félix TREGUER explore l’histoire et les dynamiques sociopolitiques des technologies de communication, en mettant en lumière leur rôle dans les luttes pour la liberté et leur instrumentalisation par les États et les entreprises à des fins de contrôle.
Ses recherches s’inscrivent souvent à l’intersection des sciences politiques, de la sociologie, de l’histoire et du droit. Félix TREGUER interroge de part ses nombreux travaux sur les pratiques de surveillance étatique et privée par l’implication des technologies numériques sur la démocratie mais également en analysant les mobilisations citoyennes face aux dérives autoritaires dans l’espace numérique.
Si l’on devait résumer les activités de Félix TREGUER : c’est une figure « qui compte » dans le débat sur l’avenir des technologies numériques et leurs impacts sur les droits fondamentaux.
Que trouver dans le livre « Technopolice » ?
Technopolice : La surveillance policière à l’ère de l’intelligence artificielle” est un ouvrage de Félix Tréguer, publié en octobre 2024 aux éditions Divergences. Dans cet ouvrage, l’auteur examine l’intégration croissante des technologies avancées telles que les drones, les logiciels prédictifs, la vidéosurveillance algorithmique et la reconnaissance faciale au sein des forces de police. Il soutient que, loin de réduire la criminalité et l’insécurité, ces innovations technologiques tendent au final à renforcer la violence d’État et à restreindre les libertés publiques pour toustes.

Félix TREGUER explore également les relations conniventes entre l’industrie de la sécurité, les institutions gouvernementales comme le ministère de l’Intérieur et la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), et les forces de l’ordre. Il met en lumière comment l’adoption de solutions technologiques est souvent présentée comme inévitable, contribuant ainsi à une dérive autoritaire et à une surveillance accrue de l’espace urbain.
L’ouvrage de Félix TREGUIER « Technopolice » s’appuie sur des expériences et des connaissances acquises lors de luttes récentes contre la surveillance policière, offrant une analyse critique des implications sociopolitiques de ces technologies de contrôle qui se répandent dans l’espace public. Dans le domaine, l’on semble assister à une sorte de sur-enchère en la matière : le business de la surveillance et de la sécurité va bon train. En 2023, le chiffre d’affaires global des entreprises de sécurité privée a atteint environ 10,7 milliards d’euros, marquant une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente. Même si la sécurité ne figure absolument pas en tête des préoccupations des Français.e.s, l’opinion reste abreuvée médiatiquement par la thématique : c’est un excellent moyen de créer une demande qui n’en est finalement pas une, dans une logique de sur-enchère comme ce fut le cas encore récemment …
L’exemple des jeux olympiques de Paris 2024 …
La mise en place de la vidéosurveillance algorithmique lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 a suscité de nombreuses critiques, notamment de la part d’organisations de défense des droits humains et de la vie privée. Amnesty International France souligne par exemple que ces technologies de surveillance posent des risques significatifs pour les droits humains, en particulier en raison de leur potentiel à automatiser et amplifier les discriminations existantes.
L’organisation exprime également des préoccupations quant à l’effet dissuasif de la surveillance sur l’exercice des libertés individuelles, notant que le simple fait de se savoir et de se sentir surveillé peut conduire à l’autocensure et à la modification des comportements. Comment ne pas être inquiété de la mise en place de telle technologie et de ce qui pourrait advenir si ces technologies étaient mise dans les main d’un régime autoritaire avec la puissance que représente l’intelligence artificielle ?
Il appartient aux citoyen.e.s d’être particulièrement vigilant.e.s concernant les projets techno-sécuritaires. S’attaquer avec ces outils aux causes réelles des problèmes semblent être une évidente manière de solutionner les soucis. Il serait illusoire de croire que tout est aussi simple. Notre modèle démocratique doit pouvoir perdurer et échapper aux dictat sécuritaire imposé par celles et ceux qui pensent l’outil répressif plutôt que le dialogue et la prévention. Il nous appartient de nous intéresser de près à tout projet techno-sécuritaire et à interpeler les décideurs politiques sur les impacts que peuvent avoir leurs décisions sur la thématique sécuritaire.
1 commentaire
Merci pour ce partage. Un ouvrage indispensable que je vais m’empresser de lire.