Renédale …

J’ai déjà arpenté plusieurs fois en randonnée la Vallée de la Loue. J’ai eu l’occasion de remonter le fil de cette rivière jusqu’à sa source. Il y a quelques années j’avais également parcouru la ligne crête juste au-dessus de Mouthier. Mais dans ce secteur, il restait une grande inconnue : sillonner la ligne de crêtes en direction de Renédale. C’est dans le cadre d’une sortie avec l’association Traces Communes que nous avons eu l’occasion de découvrir ces surplombs rocheux qui dominent la Haute Vallée de la Loue.

Longeville … notre point de départ.

Nous nous retrouvons dans le charmant petit village de Longeville. Lové au milieu des verts pâturages, ce petit village est très coquet. La rue principale est bordée de maisons très anciennes, des fermes vastes et hautes, un habitat typique du Haut-Doubs.

Le stade du village est parfait pour stationner son véhicule. C’est un excellent point de départ pour découvrir le secteur. Quel plaisir de retrouver le groupe de Traces Communes au départ. Les effectifs sont renforcés par la présence de notre Ami JP qui a fait le trajet depuis la Haute-Savoie pour venir nous rendre une visite. Initialement la météo était annoncée à la pluie, mais le temps est gris et sans pluie.

Nous remontons la rue principale de Longeville et obliquons sur la route d’Evillers. Pour éviter la route goudronnée, un petit sentier grimpe et permet de passer ce premier ressaut rocheux. Nous arrivons sur un large plateau. Les balisages nombreux sont propices à bien des randonnées. Nous traversons une large pâture et arrivons rapidement le long des falaises. La vue sur la vallée de la Loue est fabuleuse. Cette dernière nous accompagnera sur plusieurs kilomètres.

Une rivière qui se meurt …

Au fond de la vallée coule la Loue. Je ne peux m’empêcher de penser à l’état déplorable de cette rivière. Il y a encore une dizaine d’années, la Loue était réputée pour ces eaux poissonneuses et plus particulièrement pour les truites qui fréquentaient ses rapides. Certains venaient de très loin, et même de l’étranger pour venir pratiquer la pêche à la truite. Mais maintenant l’eau est polluée et les truites malades disparaissent les unes après les autres. La faute est liée à la réussite du Comté, au développement de sa filière.

En effet nos sols calcaires absorbent très rapidement les déjections des animaux et finissent rapidement les cours d’eaux. S’en suit un processus d’asphyxie de la rivière qui devient trop chargé en nutriment. Des algues vertes tapissent le fond de la rivière et progressivement la vie disparait. Nous sommes ici confrontés aux mêmes problèmes que celui que rencontre la Bretagne avec des proliférations d’algues vertes. Les choses ne semblent pas bouger de ce côté-là et il n’y a bien que le collectif SOS Loue pour alerter du chaos écologique qui frappe cette rivière. Mais qu’attendent nos décideurs pour enfin agir ?

L’on peut toujours se consoler par ce qui émerge de l’eau de la Loue, à savoir la beauté du paysage.

Proche du vide …

Le sentier est proche du vide et chemine juste au-dessus des roches. L’apic est tellement important qu’il est impossible pour le randonneur de voir les roches. Les roches de l’autre côté de la vallée donnent une idée de la verticalité de ces parois. Les vues sur la vallée sont vraiment magnifiques.

De la haut, les maisons des villages paraissent si petites. L’on remarque plusieurs terrains « en terrasse » juste sous les roches. Ces zones aujourd’hui à l’abandon témoignent d’un passé viticole. En effet, ces terrains très bien orientés au niveau de l’ensoleillement étaient occupés par de nombreuses vignes. L’épisode dramatique du phylloxera qui toucha la France dans les années 1880 décima le vignoble. La vallée de la Loue et ses nombreuses vignes n’échappa pas à cette triste période. Signalons une récente tentative de relancer la plantation de vignes et la fabrication de vin sur se secteur du côté de Vuillafans, cette intéressante démarche à finie par tourner « au vinaigre ». L’association « Ruranim » s’est mise en difficulté sur ce projet qui était pourtant pertinent. Reste pour l’amateur d’alcool à se consoler avec les excellents kirch produits dans cette vallée.

Point de vue du Moine …

Le point de vue du Moine se laisse découvrir. Plusieurs panneaux nous apprennent que ces grandes et austères falaises accueillent un grand nombre d’espèces dont des faucons pèlerins qui trouvent ici à nicher et à s’épanouir. De nombreux aménagements autour du bélvédères nous laissent imaginer le monde qui peut fréquenter ce lieu à la belle saison. Il est vrai que la Vallée de la Loue est un lieu très touristique.

Du point de vue, nous découvrons juste en bas, l’entrée des gorges de Nouailles canyon impressionnant creusé par les éléments depuis des siècles. Nous apercevons également le porche d’entrée de la Grotte du Faux Monnayeur. La légende locale indique qu’une activité illicite de fabrication de fausses pièces avait cours ici. Ce déversoir des eaux par temps de crue, est particulièrement impressionnant. Impossible d’oublier que le paysage des plateaux du Haut-Doubs est fait de nombreuses cavités dans la roche calcaire.  

Belvédère de Renédale …

La suite du programme est toujours aussi intéressante. Le sentier alterne passage au plus près des falaises mais également des passages en sous-bois. Nous découvrons encore d’autres vues sur cette belle vallée depuis les deux belvédères aménagés à Renédale. Nous remarquons au loin le Crêt Moniot un lieu bien sympathique parcouru déjà plusieurs fois. Quelques traces de neige subsistent sous les sapins dans les zones ombragées.

Nous profitons d’une belle table en bois pour nous restaurer à coté de la mairie de Renédale. L’occasion de partager collectivement quelques douceurs sucrées et quelques breuvages un peu fort pour se réchauffer un peu.

Plateau …

La suite du programme nous invite à randonner sur le plateau. Le chemin traverse des larges combes et quelques zones boisées. Nous emprunterons par la suite un sentier bien pentu qui nous conduira juste en dessous des barres rocheuses. L’absence de feuillage sur les arbres nous aidera à prendre conscience de la verticalité de ces géants de roche qui bordent la vallée de la Loue.

Pour conclure …

Notre retour au point de départ à Longeville se fera par un magnifique sentier. Une randonnée de 15 kms environ pour un peu plus de 500 mètres de dénivelé positif.