Le dernier ouvrage “Ouvrir une voie” de l’iconoclaste ancien patron de Danone, Emmanuel FABER. Un ouvrage qui illustre avec soin les nombreux ponts possibles entre passion de la montagne et le monde de l’entreprise.
Emmanuel FABER …
Emmanuel FABER passe une grande partie de son enfance de le massif du Champsaur dans les Hautes Alpes. En 1980, il passe son bac à Gap puis s’oriente vers HEC d’où il va sortir diplômé en 1986. Jeune diplômé, il rejoint des sociétés d’audits et de conseils aux Etats-Unis. En 1997, il rejoins le groupe Danone comme Directeur Financier. C’est le début d’une longue carrière dans cette entreprise. Ses différents postes l’amènent à côtoyer le directeur général de Danone, Franck RIBOUD.
Un parcours chez Danone …
Très rapidement il engage le groupe Danone dans plusieurs actions à vocation sociale. Il s’engage dans le « social business » au Bangladesh. Fin 2006 il va créer une SICAV sociale pour le groupe Danone. En 2008 il gravit de nouveaux échelons dans l’entreprise et devient Président Directeur Général délégué en charge de la finance et des ressources humaines. En 2011, il rentre au Conseil d’Administration de Danone.
C’est en 2014 qu’il va prendre la suite de Franck RIBOUD en devenant CEO de Danone. Sous son impulsion, il pilote l’achat de WhiteWave une société très avancé dans les protéines végétales. Cette acquisition renforce la stratégie de Danone de se positionner sur la santé.
En 2013, il organise un collectif de 13 entreprises puis 35 s’engagent dans une économie plus inclusive. L’objectif est de développer l’alternance dans ces sociétés.
Emmanuel FABER est un patron connu pour ses prises de position en faveur de la justice sociale. A titre personnel, Emmanuel FABER parcourt le monde en Inde dans les maisons pour mourants de Mère Térèsa, dans les favélas, dans la jungle de Calais, … Ces expériences riches contribuent à façonner son analyse de la société. Il a besoin de voir de ses propres yeux pour comprendre et analyser.
Un personnage en marge ?
Il est vrai que cet homme atypique détonne dans le milieu feutré des grands patrons. Ce chef d’entreprise est à contre courant de l’image terriblement conservatrice que véhicule les cercles patronaux. Il prône un capitalisme humain, respectueux des hommes et de l’environnement. Emmanuel FABER est conscient des impacts néfastes de la financiarisation à l’extrême de notre société telle qu’elle est imposée par les grands groupes et les multinationales. Emmanuel FABER à très vite compris que les limites de notre système et ce capitalisme débridé peut causer des crises systémiques majeurs dont on perçoit déjà les premiers effets (épisode météorologique majeurs, crise sanitaire, crise sociale, chômage de masse et aggravation de la grande pauvreté, …)
Des mutations chez Danone …
Ayant passé plus de 25 ans chez Danone, Emmanuel FABER a profondément fait bouger les lignes dans son entreprise. Engageant des réformes de fond et des mutations vers plus d’écologie et de social, il a su mobiliser les forces vives et les partenaires de Danone vers des voies différentes que le profit à n’importe quel prix.
Il y a encore quelques mois lorsqu’il était aux commandes de cette grosse entreprise, il paraissait le patron du CAC40 le plus social ! Emmanuel FABER a par exemple indexé les bonus des cadres du groupe sur un objectif ambitieux de réduction de l’empreinte carbone de son entreprise. Il a favorisé l’émulation transversales au sein de son groupe en créant des espaces d’échange et de collaboration entre les salariés sur ces sujets. C’est sous son mandat que Danone à franchi le pic carbone de ces activités.
Il y a tellement peu d’entreprise qui communique sur cet aspect et qui peuvent se targuer de tels résultats. Par la suite, il arrive même progressivement à entrainer dans sa stratégie d’autres entreprises et quelques acteurs précurseurs du système bancaire qui conditionnent financement et support à des projets vertueux. Ses démonstrations vont jusqu’à prouver que si il fallait intégrer dans les comptes des grandes entreprises l’impact sur l’environnement, les bénéfices seraient divisés par deux … En effet, nous ne connaissons pas aujourd’hui la vérité sur nos coûts de production si il fallait intégrer la donne environnementale dans nos modèles économiques.
A titre d’exemple, une chemise achetée chez SHEIN, le leader Chinois contestée de la fast fashion n’est absolument pas au bon prix de 3 Euros sur son site marchand … Quel est le prix du carbone émis pour la fabriquer ? Quel est le prix de la souffrance du personnel esclave qui manipule ces produits et les nombreux produits chimiques utilisés pour la fabriquer ? Et quel est le prix de la forêt primaire détruite pour produire du coton de basse qualité ?
Quantifier les progrès …
Mais pour mesurer tout ceci, les actions mises en place et les résultats escomptés, Emmanuel FABER s’engage également auprès des agences de notation. Selon lui d’ici 3 ans, les grandes entreprises cotées en bourse devront impérativement publier leurs trajectoires en terme d’émission carbone selon une méthodologie unique, normée et comptable. La performance environnementale est déjà un moyen d’abaisser le cout du capital pour les entreprises vertueuses.
Vers une croissance saine et durable ?
Emmanuel FABER a su très tôt identifier les opportunités immenses que représentent cette transition sociale et écologique en terme d’emploi, de mobilisation générale vers un système bien plus vertueux. Plusieurs candidats à l’élection présidentielle française sont sur cette ligne. Oui, l’écologie et la justice sociale peut être créateur d’un élan collectif, d’une nouvelle richesse et d’épanouissement pour celles et ceux qui s’engagent sur cette route. L’économie régénératrice du vivant comme la qualifie Emmanuel FABER est le cap impératif à suivre. Il nous indique une voie à suivre. Nous avons le pouvoir de changer les choses !
Mais sa vision atypique et à contre courant de la norme édicté par les grandes fortunes. Pas étonnent que tout ceci ne plaise pas dans un establishment “pro business” avide, cupide de performance financière. Il a donc été débarqué pour des raisons qui ne regarde que lui et son ancien employeur mais dont nous devinons les raisons …
Montagne et nature …
Qu’importe pour le passionné de montagne qui à connu bien des épreuves. Peu importe pour cet homme, Emmanuel FABER qui préfère sa liberté, son intégrité et surtout le fait de vivre proche de la réalité. Comme il aime à le dire, en montagne impossible de se mentir sur son niveau, sur les éléments, … Seul l’essentiel est la boussole du grimpeur, de l’alpiniste ou du randonneur au milieu de l’immensité et des éléments.
Ouvrir une voie …
A travers ce livre ” Ouvrir une voie” publié aux éditions Guerin Paulsen, un éditeur bien connu des aficionados de montage, Emmanuel FABER nous propose d’ouvrir une voie nouvelle. Relatant son riche parcours et ses expériences rythmées par des belles courses en montagne, le lecteur fini par recevoir un peu de la bonne énergie transmise par l’auteur. Une énergie militante nécessaire à engager les nombreux combats qu’imposent notre existence.
A l’heure ou la désintégration de notre société conséquence d’un capitalisme débridé et non régulé, Emmanuel FABER nous éclaire le chemin vers un possible meilleur. Un monde ou l’économie ne peut être à coté de la société, mais surtout un monde ou la transition s’engage vers plus de justice sociale et climatique ! Merci à lui de nous ouvrir une voie vers meilleur.
Conclusions …
Inutile de vous préciser que j’ai particulièrement apprécié cet ouvrage ” Ouvrir une voie”. Cela est peut être du aux parallèles réguliers réalisés par Emmanuel FABER dans cette ouvrage entre la vie en montage, la quête de l’ascension et le monde économique. Et pour conclure, je serai attentif à la suite du parcours de cet entrepreneur militant qui sait transmettre l’énergie du changement.
2 commentaires
J’aime beaucoup ce parallèle entre le monde de la montagne et celui du capitalisme ! Espérons que les grands acteurs économiques sauront suivre la voie ouverte par Emmanuel FABER ! Merci Régis pour le partage de cette lecture, pleine d’optimisme et qui prouve que le changement est possible?
Je pense que tu vas beaucoup aimer ce livre Sophie. A bientôt !