J’ai achevé il y a quelques jours la lecture d’un livre assez central de la pensée écologique. Je remercie Sophie pour le prêt de cet ouvrage. Il s’agit de l’incontournable « Printemps silencieux » écrit en 1962 par la biologiste américaine Rachel CARSON. Cet ouvrage de référence a fait l’objet lors de sa parution d’un véritable coup de tonnerre. Le livre traite des effets dévastateurs des pesticides sur la nature et plus largement sur le monde du vivant.
C’est le premier livre consacré aux effets désastreux des pesticides et du productivisme agricole sur le vivant. L’après guerre et la reconversion de l’industrie chimique utilisée par l’armée lors du conflit mondial a vu la mise sur le marché de nombreuses molécules crées soit disant pour éliminer les soit disant insectes nuisibles à une agriculture industrielle en fort développement. Des épandages d’envergures sont commandités par les pouvoirs publics pour tenter d’éradiquer des insectes. Le DDT, est ainsi utilisé à grande échelle en Amérique et sans en connaitre les effets et les conséquences sur le milieu naturel. Rachel CARSON va alors consigner dans son ouvrage les effets mortifères qu’à la molécule sur les organismes vivants. Il s’agit d’un empoisonnement de masse de notre environnement avec la bénédiction et la bienveillance des pouvoirs publics pourtant chargés de la protection de notre santé et de notre environnement.
Alors il faut parcourir les 300 pages de cet ouvrage (plutôt très agréable à lire malgré le thème et ses conséquences qui sont plombantes pour le moral) et en déchiffrer les mots qui mêlent les descriptions sensibles des campagnes américaines, les témoignages d’habitants et l’évocation de références scientifiques pointues qui se sont particulièrement intéressées aux dégâts causés par un insecticide : le « dichloro-diphényl-trichloroéthane », plus connu sous le nom de « DDT ». Extinction de la biodiversité, développement insidieux de cancers chez les humains …
L’autrice a raconté comment ce « biocide », promu cyniquement par la classe dirigeantes américaines et l’industrie agrochimique à partir des Trente glorieuses, a tout anéanti sur son passage.
« La puce meurt d’avoir mordu le chien, l’insecte est asphyxié par l’arôme de la plante, l’abeille rapporte à sa ruche un nectar empoisonné, et fabrique du miel vénéneux » Rachel CARSON
La parution et la diffusion de l’ouvrage « Printemps silencieux » de Rachel CARSON a eu pour effet une prise de conscience collective du péril que représentait l’usage du DTT. Ceci a conduit à l’interdiction de cette molécule. C’est en 1972, l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis, créée deux ans plus tôt, a interdit l’usage agricole du DDT sur le continent Américain.
En France, cette décision a été prise en 1971. De quoi donner très vite à l’ouvrage « Printemps silencieux » le statut de boussole et de référence incontournable dans les milieux écolos. C’est un bouquin qui reste visionnaire tant par le contenu que par la méthode. “Printemps Silencieux” a inspiré beaucoup de personnes sur leurs manières d’écrire et de travailler dans les combats et les luttes. L’ouvrage rappel combien il est essentiel d’enseigner et donc de comprendre les sciences pour bien appréhender les effets que le soit disant « progrès » peut avoir sur l’humanité.
A la manière d’une lanceuse d’alerte, Rachel CARSON met en lumière le droit de savoir, de connaitre les effets sur nos santé de l’usage de telle ou telle substance en particulier sur celles et ceux qui subissent malgré eux cette pollution. De nos jours, les oiseaux restent un marqueur examiné de la santé d’un écosystème : l’on peut dire que quelque part, le travail de Rachel CARSON à travers son livre « Printemps Silencieux » est un belle contribution à cette méthodologie qui fait référence.
Dans une période troublée ou il est parait parfois difficile de garder un cap, Rachel CARSON nous témoigne que la fatalité ne peut devenir la norme. Elle nous montre que l’engagement reste la meilleure façon de pouvoir changer les choses et d’aider à faire prendre conscience. Tout ce qui est écrit dans le livre Printemps Silencieux reste bien évidement d’une criante actualité car au final rien n’a vraiment changé : le DDT a été remplacé par d’autres molécules aussi destructrices qui s’appellent maintenant glyphosate, chlordécone et autres joyeusetés, par exemple. Le combat se poursuit inlassablement !