Quelques mots sur un très bel ouvrage de Christophe WARGNY déniché à la librairie de Pesmes, « L’Arbre sans fin » ou j’ai plaisir à me rendre pour échanger avec Anne-Lise, sa libraire passionnée et passionnante. C’est en échangeant avec Anne-Lise sur l’implication citoyenne et associative locale qu’elle me présente un ouvrage baptisé « A Vandoncourt, c’est tous les jours dimanche » publié en 1980 aux éditions Syros. Ancien habitant du Pays de Montbéliard et admirateur de ce magnifique village qu’est Vandoncourt, il n’en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité.
Soixante huitard …
L’histoire se passe dans les années 70, peu après les événements de 1968 qui secouèrent notre pays. Vandoncourt, petite commune est une belle endormie comme il en existe tant en France. Il règne la bas, comme dans de nombreux villages une sorte de conservatisme mortifère. Les élu(e)s administrent avec bien trop de rigueur la commune, sans transparence et par habitude. A Vandoncourt, ces sont les mêmes familles qui tiennent les murs et qui prennent les décisions depuis des décennies, imposant ainsi leurs décisions sur la communauté. Le seul moment de démocratie est l’exercice imposée des élections municipales mais les mandats se succèdent sans aucune nouveauté.
Mais l’année 1968 a insufflé dans la population comme une sorte d’appel à la rupture démocratique. C’est sous l’impulsion d’un homme Jean-Pierre qu’une équipe se forme pour « renverser la table » et faire bouger les lignes. L’équipe en place est balayée devant tant d’énergie. Vandoncourt trouve très rapidement un nouveau sursaut.
Démarche commune …
Rapidement, une sorte d’utopie collective est imaginée. Dans un creuset générationnel ou les habitants de tous les âges sont appelés à s’exprimer, la commune trouve un nouvel élan collectif. Expérimentant des méthodes de démocratie participative particulièrement structurées et innovantes, c’est toute la population qui s’active dans un mouvement étonnement positif. Les habitants trouvent ainsi une nouvelle fureur de vivre au pays. Impossible de ne pas penser au concept de phalanstère élaboré par le Bisontin Fourier, ou à celui des «kibboutz» en Israël dans les années 60.
Les individus au centre …
Ecoutés, impliqués, les uns et les autres s’activent pour faire vivre le village selon les envies et les projets des uns et des autres. La démocratie est si vivante à Vandoncourt qu’elle inspire. L’on vient de très loin pour voir et comprendre se qui se passe de si intéressant dans cette petite commune du Pays de Montbéliard.
Les visites extérieures s’enchainent dans la commune. Cabu vient au début de l’année 1976 y faire un tour pour tenter de comprendre la recette magique qui anime une démocratie active dans ce petit bout de Franche-Comté, à seulement quelques encablures de la Suisse.
Un village ouvert sur le monde …
La commune accueille beaucoup sur son territoire et cela ouvre les esprits dans une sorte de révolution culturelle qui dépasse la crainte des différences et le repli sur soi. L’on pratique ici une sorte d’autogestion qui conduit à administrer bien différemment la commune, ses projets mais surtout la vie des habitants, leurs désirs et leurs rapports à la cité et à la vie collective.
C’est durant cette période si constructive, que les habitants deviennent des militants dans cette sorte de rupture démocratique. Le village s’ouvre à lui, s’ouvre aux autres et dépasse ainsi le repli en faisant reculer la crainte des autres, la crainte des différences. A Vandoncourt, on prend même position sur l’antimilitarisme mais également sur le nucléaire et son impact sur nos vies.
Foisonnement d’envies et de projets …
Cette composante collective permet de dépasser bien des épreuves et surtout de construire à plusieurs bien des initiatives et des projets. A Vandoncourt, l’on trouve collectivement les solutions pour avancer et briser l’immobilisme ! L’on cherche surtout à prouver par l’action que la fatalité n’existe pas. Qu’il est possible de dépasser l’immobilisme que peut souvent nous imposer un environnement hostile. Dans cette commune, l’on cherche, l’on se cherche et l’on apprend collectivement des autres.
Du bons sens …
Cette dynamique collective va durer plusieurs années. Elle nous prouve qu’il est possible petit à petit de dépasser toutes les formes de fatalité en pratiquant des recettes simples et pleines de bon-sens que le système nous fait pourtant oublier.
“Des gens comme partout, mais un maire qui se démène pour qu’ils soient moins cons qu’ailleurs”
Cabu – Janvier 1976
Se prendre en main …
Cette ouvrage, « A Vandoncourt c’est tous les jours dimanche » est tellement inspirant dans la période faites de crises multiples que nous traversons. Ce n’est que collectivement, en nous impliquant tous ensemble que nous arriverons à relever les défis que nous imposent notre époque. Nous avons tous en nous un peu de la solution à la crise sociale, démocratique et écologique qui frappe nos existences.
Ce qui est sûr, c’est que ce n’est que par un mouvement collectif que nous pourrons améliorer les choses. Face au délitement de nos société, les recettes simples évoquées dans cet ouvrage sont tellement d’actualité.
S’inspirer …
Jean-Pierre et les habitants (les Damas) de Vandoncourt dans les années 1970 ont tellement à nous inspirer avec leur bonne énergie communicative. A nous de faire dans nos communes, dans nos associations, dans nos collectifs divers et variés preuve d’engagements et d’encouragements des énergies collectives pour bâtir un monde un peu plus solidaire et respectueux des hommes et de l’environnement.
Autant vous dire que je vous conseille de lire cet ouvrage pour en ressentir la bonne énergie collective dégagée à cette époque pas si lointaine et qui doit nous inspirer aujourd’hui ! A l’heure des 49.3 multiples, du pouvoir Jupitérien et des décisions injustes contre l’avis du plus grand nombre par notre Président, il est temps pour les citoyens de reprendre le contrôle de leurs vies. Ce livre illustre cette démarche collective mise en place à Vandoncourt et nous donne quelques clefs très intéressantes allant de ce sens. Comme quoi des dangereux gauchistes peuvent réaliser des grandes choses démocratiquement et collectivement pour le bien du plus grand nombre. Et pour conclure, même si les temps sont durs pour les rêveurs, ce livre nous ouvre le champ du possible !
1 commentaire
Merci pour cet article plein d’énergie et d’optimisme ! Il en faut !