Ulisse ALDROVANDI apparait être le précurseur des sciences naturelles modernes. De passage à Pesmes il y a quelques mois, je ne m’interdis jamais de venir saluer et discuter avec Anne-Lise ma libraire qui tient cette belle libraire de l’Arbre sans Fin. Anne-Lise connait bien mes centres d’intérêts. C’est au cours de nos échanges qu’elle me présente un bel ouvrage de haute qualité « L’herbier d’Ulisse ALDROVANDI. C’est la première édition en France du célèbre herbier aquarellé du grand naturaliste italien fondateur, à Bologne, du premier jardin botanique et auteur de nombreux ouvrages d’histoire naturelle. Je fût immédiatement subjugué par cet ouvrage. Mais avant de vous en dire plus, je tiens à évoquer avec vous la vie du père fondateur des sciences naturelles.
La vie d’Ulisse ALDROVANDI …
Il est né à Bologne le 11 septembre 1522. Jeune garçon. Il aimait lire et étudier. Il était plus attiré par les livres que par les jeux. Son père disparut à l’âge de 6 ans. À 16 ans il pris la route en direction de Saint-Jacques de Compostelle pour un voyage initiatique. Ce fut durant ce voyage qu’il observa de part les contrées traversées les choses naturelles. A dix sept ans il débute ses études universitaires avec un caractère trempé, une grande présence d’esprit et une curiosité démesurée. Il devint par la suite « docteur » en philosophie, puis étudia les lettres, ainsi que le droit. Il étudia également la médecine même si il n’exerça jamais ce métier.
L’année 1553 fut prolifique pour ALDROVANDI avec de nombreuses excursions naturalistes réalisées. L’objectif étant de percer ces « sciences mystérieuses » : ce fut un des premier à trouver le moyen de faire sécher les plantes fraîches entre des papiers : l’herbier tel qu’on le connaît maintenant était né.
En 1554 il débute sa carrière de professeur à l’université de Bologne. Ses talents de pédagogue furent vite mis en lumière. Ses élèves progressaient rapidement. Il fut rapidement repérés pour ses résultats et on lui confia rapidement la chaire de philosophie. Il devait expliquer avec faculté les différents concepts à ses élèves mais son attrait pour la science pris le dessus et en particulier l’observation des plantes. Il multiplie les excursions avec ses élèves à la découverte du patrimoine naturel.
Un intérêt développé pour la science …
L’étude de son œuvre botanique révèle sa qualité hautement scientifique. Cette dernière montre que le botaniste était un observateur diligent et appliqué, un ordinateur et un classificateur ayant une connaissance sérieuse de la morphologie. ALDROVANDI était l’un des fondateurs des sciences naturelles.
Il pose ainsi les bases de la classification des végétaux en particulier ce qui concerne les fleurs et plus précisément les étamines. ALDROVANDI obtient vite une sorte de aura puisque de nombreux jeunes de toute l’Europe accouraient à ses leçons.
Beaucoup de ses élèves poursuivirent leurs recherches dans leurs pays respectifs et contribuèrent ainsi au développement des études naturalistes. L’on parle donc de l’école d’ALDROVANDI qui contribua à la création d’une véritable communauté scientifique internationale . Sans rester fermé sur ses compétences, le maître se félicite d’une diffusion des bases du savoir et de pouvoir également profiter des travaux réalisés par ses élèves dans l’unique but de faire progresser la connaissance et de faire grandir la science pour les générations suivantes.
Travailleur acharné, ALDROVANDI ne cessait de rassembler une somme considérable de notes, de textes, de fiches, … tout ceci enrichissait son « théâtre de nature ».
Vie publique …
ALDROVANDI joua un rôle important dans le vie de sa cité de Bologne. Il constata qu’il manquait deux établissements indispensables pour la santé publique à savoir un jardin des simples qui pourrait être utile aux étudiants en médecine et également un jardin botanique. Ces équipements seraient également supervisés par une autorité médicale qui veillerait à la préparation des médicaments.
Il intervient plusieurs fois devant le pouvoir politique pour faire avancer ses idées et fini par être investit de la charge de l’autorité médicale. Ce ne fut pas pour ALDROVANDI l’étape la plus sympathique de sa longue carrière : en effet des intérêts divergents venant du collège des médecins perturbèrent sa mission. Il rencontra beaucoup d’hostilités de la part de personnes beaucoup moins scrupuleuses que lui. Il finit tout de même par publier une œuvre considérable et magistrale en 1574 : un ordonnancier de contrepoisons. Elle contient de nombreuses recettes pour la préparation des médicaments, leur conservation et leur péremption.
Le père des sciences naturelles …
Mais Ulisse ALDROVANDI mobilisa tout de même une grande partie de son énergie pourtant déjà bien occupée par ses multiples rôles à la réalisation d’un musée d’histoire naturelle. C’est sans conteste sa principale mission de sa vie d’homme et de scientifique. La création d’un théâtre de nature l’obsède dès son plus jeune âge. Débuté probablement en 1549, il passera plus de cinquante ans à compléter et à se procurer toutes les choses de la nature. Il eu également le génie d’organiser une sorte de réseau de naturalistes, de religieux avec lesquels il échangeait connaissances, objets, découvertes, … Cela lui permettait d’enrichir ses collections et surtout ses connaissances. SI il n’était pas possible pour Ulisse ALDROVANDI de conserver ses spécimens, il choisissait alors l’illustration.
C’est cette représentation qui joua un rôle central dans ses recherches. Cette somme de connaissances accumulées a été saluée par un grand nombre d’écrivains qualifiant ainsi ce travail de merveille du siècle. Sa collection pouvait se targuer de rassembler plus de dix-huit mille pièces et environ cinq mille planches gravées.
L’herbier était composé de seize volumes de plantes, dix huit volumes de dessins. ALDROVANDI conservait tout ceci à son domicile, et n’importe qui intéressé pouvait avoir accès à toute sa collection. Il fit figurer dans son testament sa volonté de laisser libre accès à ces éléments dont il fit don au sénat. Le musée devint quelque part public au vrai sens du terme, c’est à dire géré par une institution publique dédié à une fonction scientifique mais également didactique. La ville de Bologne se focalisa sur un premier projet de bibliothèque publique et les fonds d’ALDROVANDI servirent de base à ce projet ambitieux. La collection fût malmenée par les vicissitudes de l’histoire Italienne et en 1907 à l’occasion du tricentenaire de la mort d’ALDROVANDI, on tenta de rassembler en un seul lieu tout ce qui avait été sauvé : le musée ALDROVANDI était né !
Mais focalisons nous sur les aspects artistiques de sa collection d’images et en particulier les six cent cinquante illustrations à l’aquarelle représentant les plantes, fleurs, et autres fruits qui avait été l’objet des observations botaniques d’Ulisse ALDROVANDI durant une grande partie de sa vie. Ce qui intéressait le naturaliste c’était une représentation la plus fidèle de la réalité, de l’original. L’objectif de ces représentations n’était pas du tout artistique, mais purement scientifique. L’art devait être mis au service de la science. Rien ne devait être statique, c’est pourquoi les planches peuvent représenter la plante à différents stades de son évolution, de sa croissance ou ses différents aspects selon les saisons de l’année. ALDROVANDI était très exigeant dans le choix des peintres avec qui il travaillait. Il n’hésitait d’ailleurs pas à intervenir pour faire reprendre une représentation, guidaient les illustrateurs, même les plus talentueux Pouvoir imiter fidèlement les forces de la nature était pour lui l’essence même de la peinture.
Ce que j’en pense …
Impossible de ne pas constater à travers le parcours de ces planches peintes la qualité du trait, la fidélité et la justesse du dessin ainsi que la vivacité des couleurs. Ces planches exposées lors d’expositions prestigieuses un peu partout autour du monde témoignent d’un fort succès : l’on se presse pour admirer la qualité de ces illustrations. Ulisse ALDROVANDI dépensait d’importantes sommes d’argent pour pouvoir s’offrir les talents des meilleurs peintres et graveurs. Son objectif était également de pouvoir en faire des tirages : il finançait également le travail de graveurs qui traçaient sur des planches de poirier des dessins gravés pour en faire par la suite de l’impression par la technique de xylographie. L’intérêt étant d’élever et de diffuser la culture scientifique à un nombre croissant de personne.
Ces planches témoignent d’un réalisme « magique » mettant en valeur les végétaux dans une logique d’imitation des choses de la nature. J’ai été subjugué par la qualité de ces œuvres imaginant le talent des artistes contributeurs et le temps nécessaire à la réalisation de telles gravures, et ce après des heures d’observation détaillée des végétaux représentés d’après nature. La qualité du travail réalisé subjugue des plantes pourtant banales (répondues) par une telle mise en valeur : ces planches révèlent un exercice graphique effectué avec tant d’application et de méticulosité. L’amateur.trice de botanique sera subjugué par de telles œuvres !