Jean HEGLAND rédige en 1996 « Dans la forêt » un roman d’anticipation. C’est un véritable succès international. Grand merci à Manue pour le prêt.
De quoi parlons-nous ?
Dans un futur plutôt indéterminée, deux sœurs Nell et Eva doivent vivre seules dans un clairière d’une forêt au Nord de la Californie. Elles habitent la maison de leur enfance. Un peu après la mort leur mère victime d’un cancer, l’histoire s’accélère. Alors que la société s’effondre progressivement, accompagnées de leur père, les deux filles se retrouvent isolées au cœur de la forêt. Il faut parcourir plus de 20 kms dans les bois pour trouver les premières habitations. La maison familiale devient une sorte de refuge loin des tumultes de la société.
Car tout autour, la société s’écroule. L’essence vient à manquer, puis l’électricité et enfin la nourriture. La petite ville du secteur se vide de ses habitants. Ceux qui restent oscillent entre larcins, pillages … Ils tentent juste de survivre.
Assumer d’être seules …
Un jour, le père de famille est victime d’un absurde accident de bucheronnage en forêt qui lui sera fatal. Les deux filles se retrouvent donc seules au milieu de cette clairière. Passée la phase de sidération, elles vont devoir vivre en totale autarcie et en exploitant les ressources innombrables de la nature.
Il va falloir qu’elles apprennent à se passer de l’électricité, du confort et des commodités pour tenter de survivre. Elles doivent sacrifier leurs rêves de réussite. L’une voulait être danseuse étoile et pour la seconde, rentrer à Harvard. L’adaptation n’est que l’objectif ultime de la survie dans ce milieu naturel. Mais la nature dispose de tellement de ressources à qui sait les remarquer et les exploiter.
S’agit il d’un roman apocalyptique ?
Assurément. Mais ce roman ne se cantonne pas seulement à cette caractérisation. C’est aussi une œuvre féministe, ainsi qu’une fable écologique. J’ai trouvé son style sous forme d’une sorte de journal intime plutôt bien choisi. Je dois avouer avoir été totalement captivé par l’histoire. Le suspens est continuellement à son comble tout au long ce cet ouvrage. Manue parlait souvent de ce livre qui marque. Elle a bien raison !
Une critique vis à vis de nos sociétés …
La lecture de ce roman questionne obligatoirement sur la société de consommation. Les deux héroïnes prouvent qu’il est possible de survivre et de trouver le bonheur par un rapport fort avec la nature. Tout ceci est aussi rendu possible par la relation fusionnelle que vive les deux sœurs.
Un lien évident avec le confinement …
Pour conclure, dans la période actuelle que nous traversons avec le confinement, nous nous recentrons tous sur l’essentiel. Nous sommes ébranlés sur nos certitudes. Que dire du monde d’après ? Certains parlent d’effondrement, d’autres sont plus nuancés et évoquent une forme de décroissance comme étant des nouvelles voies possibles.
Se questionner … pour aller plus loin.
Ce qui est sur, c’est que cette période très particulière nous invite fortement à la réflexion. Il nous faut accepter une remise en question importante. Vivons nous à travers cette période de confinement une première période d’effondrement ? Tout ceci nous invite à imaginer un autre monde écologique, économique et beaucoup plus centré sur les rapports humains. Ce livre illustre qu’une alternative proche de la nature est bien évidement possible. Sans devenir des robinsons ou des naufragés, une voie alternative et raisonnable est peut-être envisageable ?
6 commentaires
Celui là je l’ai lu il y a quelques années.
Fomidable livre sur la nature et la façon d’y vivre sans rien abimer.
Et ces 2 soeurs sont tellement attachantes et complementaires.
Surtout elles n’ont pas d’autre choix que de vivre comme ça.
On comprend qu’il faut préserver la terre.
De façon simple il y est dit que nous sommes dépendants de la nature.
Il faut donc en prendre soin pour continuer à vivre avec elle.
Dans ce livre c’est une évidence.
Seul bémol:je doute que les gros pollueurs lisent ce genre de livre.
Rebonsoir Eric. Oui il est pas mal même si il a un petit côté angoissant et stressant … une sorte de confinement de quelques années … c’est assez glaçant ! Il va falloir militer, mais les graines sont plantés je pense. L’éveil des consciences est en route ! A bientôt. Prends soin de toi.
je regardais beaucoup à la télé les habitants qui vivaient dans les forêts de l’Alaska
c’était captivant tout en se demandant si moi, j’y arriverais à vivre ainsi. Notre époque est peut-être trop moderne mais nous nous y sommes habitués. Ce sont des gens de « valeur » qui méritent notre admiration.
Bonjour. Merci à vous ! Tout à fait d’accord ! Ouvrent ils une nouvelle voie ?
Un livre qui marque effectivement ! Les épisodes qui ponctuent la vie des deux héroïnes rythment la lecture. Chaque épisode les éloigne de la vie qu’elles ont connue, celle que nous menons dans nos sociétés de consommation. A chaque fois, les deux jeunes filles doivent réadapter leur mode de vie pour survivre, découvrant peu à peu les ressources de la forêt ainsi que leurs propres capacités à s’adapter. La lecture est lente, au rythme de la prise de conscience des jeunes filles mais aussi des saisons dont leur survie dépend. Elle fait écho à notre confinement récent, aux questions que nous nous posons quant au devenir de notre société de consommation. En tant que maman, ce livre m’a interpelée et bouleversée sur la société dans laquelle mes jeunes, actif ou étudiantes, vont vivre. Comment pourront-ils concilier leurs rêves d’avenir et les enjeux environnementaux et sociaux qui s’annoncent ?