Les Editions « Folklore-Comtois » viennent tout juste de rééditer « La Maison Rurale en Franche Comté » de Jean GARNERET. Ce beau livre présente un vaste panorama de la maison rurale comtoise rassemblé dans l’ouvrage Jean GARNERET avec environ 92 dessins au trait réalisés entre 1936 et 1967. Cette nouvelle édition (la troisième) intègre le texte original écrit par l’Abbé GARNERET, l’ensemble des dessins mis en valeur par une présentation pleine de page de haute qualité imprimé sur du papier tintoretto signe de raffinement et d’élégance. La couverture de l’ouvrage est elle rajeunie et renouvelée.
Mais qui est Jean GARNERET ?
Jean GARNERET est né en Franche-Comté à Clerval dans le Doubs en 1907. Le Père du jeune Jean était marchand de grains. Doué pour les études, Jean s’oriente vers le droit, puis il intègre le séminaire. Le 16 juillet 1936, il est ordonné prêtre. C’est dans le Haut-Rhin, à Pfetterhouse qu’il célèbre sa première messe. Habile de ses mains, doué d’un talent de sculpteur il sculpte une Cène qui sera déposée sur l’hôtel ce jour là. Le 6 décembre 1936 il retrouve sa Franche-Comté natale à Lantenne-Vertière ou il est nommé curé.
La société rurale et la vie populaire figure parmi les passions de Jean GARNERET depuis son plus jeune âge. Les thèmes liés à l’architecture, le mobilier, l’outillage l’intéressent au plus haut point. Le dessin est un art qu’il affectionne particulièrement et pour se faire, il suit des cours aux Beaux-Arts à Besançon. L’abbé GARNERET dessine des maisons, des intérieurs, des meubles, des outils, … Pour Jean GARNERET le dessin est un moyen de préserver un monde qui disparaît. Son objectif est de pouvoir restituer cette connaissance précieuse qui correspond à la culture Comtoise. A travers ces dessins, l’Abbé GARNERET souhaite « rendre au peuple son butin ».
Pour diffuser ces cultures populaires, Jean GARNERET va créer des musées et rédiger pas mal de publications. Avec le CNRS il édite l’almanach populaire Comtois Barbizier entre 1946 et 1963. Barbizier est un vigneron bisontin, personnage de la crèche Comtoise. Il se prend ensuite à collecter des meubles, des objets divers qu’il expose à Corcelles-Férrières au musée paysan. Ce dernier est transféré à la Citadelle de Besançon en 1960 et deviendra le Musée du Folklore Comtois. Ceci permet de sauvegarder des objets mais également des dessins et des photographies comme des témoignages précieux de la culture populaire Comtoise.
Il édite de nombreux articles et ouvrages sur la culture Comtoise. En 1974, il ré-édite la crèche Comtoise, dite de théâtre populaire qui met en scène la naissance de l’enfant Jésus dans le folklore paysan du 18 ième siècle en Comté. De nombreux livres sont publiés par Jean GARNERET. Citons par exemple : Chansons populaires comtoises, La maison du montagnon, Lantenne un village comtois, La maison rurale en Franche-Comté, Vie et Mort du Paysan, Migue la lune, Pastorale, Le présent d’un village : Villers-Buzon, Un paresseux qui travaille, Images de Besançon, Petites villes de Franche-comté, …
En véritable protecteur de la culture Comtoise et avec toujours autant d’énergie, l’Abbé GARNERET veut créer un musée de plein air dédié au bâti régional. En 1973, le projet débute par la rédaction des démarches administratives. Le site de Nancray est retenu pour l’implantation du futur Musée des Maisons Comtoises. Ce dernier va rassembler dans un même lieu des maisons représentatives de la vérité de l’architecture paysanne comtoise. L’ouverture au public sera réalisée en 1988 avec cinq maisons démontées « pierres à pierres » et remontées à Nancray. Le succès est au rendez-vous et fera de ce musée un moyen important de rayonnement de la culture Comtoise, mais également un site touristique majeur pour notre région.
En 1982, l’Abbé Garneret quitte sa charge paroissiale de Lantenne-Vertière et s’établit à Corcelles-Ferrières. Il nous quitte en février 2002 à Besançon laissant un héritage documentaire considérable et surtout une vie désintéressée au service de l’intérêt collectif et dédiée à la préservation du patrimoine collectif culturel Comtois.
L’association « Folklore Comtois » …
Active dès 1937, l’Abbé Jean GARNERET en est l’initiateur. Elle fut déclaré en association loi 1901 en 1960. Elle compte plus de 500 membres. La structure à soutenue Jean GARNERET dès son origine dans ses différents travaux liés au vaste domaine des arts et traditions populaires comtoise. L’association accompagna Jean GARNERET dans le montage des différents projets de musées, dans l’édition des ouvrages rédigés. Cette dernière reste particulièrement active.
L’héritage de Jean GARNERET poursuit sa connaissance et la valorisation du patrimoine culturel Comtois à travers les nombreuses actions portées par l’association « Folklore Comtois ».
Un livre extraordinaire …
Je parcours régulièrement ma région. Traversant les villages, mon regard est souvent capté par ces imposantes bâtisses singulières de notre région. Sur les vastes plateaux du Haut-Doubs, ce sont les fermes comtoises qui jalonnent les prairies et qui bordent les rues des villages. De grands volumes, avec des toitures vastes et des croupes, ces constructions typiques témoignent de la rigueur du climat et d’une activité paysanne faite de labeur.
Dans le Jura, le pays de vignoble les maisons en pierres sont plus basses, mais présentent de belles caves voutées qui abritent l’activité viticole. Dans le Nord du département, les murs sont rosé : la pierre de pays sublime les fermes du pays sous-vosgiens et de la région de Luxeuil.
Adaptées aux conditions locales ainsi qu’à l’activité des hommes, les maisons comtoises épousent des siècles de tradition populaire. La diversité de leurs styles est une richesse pour le patrimoine de nos paysages et la culture populaire dans un monde qui devient si uniforme et malheureusement aseptisé.
L’important est de pouvoir préserver ces bâtisses et de pouvoir permettre de toujours pouvoir en admirer la beauté singulière. Parcourir ce beau livre a été pour moi un véritable plaisir. Sous les traits si particulier de l’Abbé GARNERET, ses maisons simples sont sublimées. Il me prend l’envie de retrouver certaines maisons représentées dans l’ouvrage dans les villages qui m’environnent et d’en voir l’évolution au fil du temps.
Pour celles et ceux qui résident sur l’axe Marnay – Presmes, cet ouvrage est disponible à l’office du tourisme du Val Marnaysien ainsi qu’à la librairie l’Arbre sans fin à Pesmes.