Derrière le nom bien évocateur d’ « Azerty » se cache une publication « print » du géant Google. Avec Azerty, « le numérique avec des mots » Google signe officiellement un nouveau format de communication pour assoir son positionnement dans l’écosystème numérique en France. Édité à presque deux millions d’exemplaires, ce magazine est distribué en supplément d’une dizaine de titres en France comme Le Point, l’Opinion, les Echos, le Figaro mais également l’obs … C’est comme ceci que j’ai découvert son numéro #3 qui évoque « Le numérique au service de la relance ». Petit tour d’horizon …
Google et l’optimisation fiscale …
Je dois déjà dire que j’ai été assez surpris qu’un hebdo auquel je suis particulièrement attaché, qu’est le Nouvel Obs ose relayer une publication venant de l’une des plus puissante et sulfureuse entreprise du monde. Faut-il rappeler à l’obs que ce mastodonte qu’est Google, champion incontesté de la recherche sur internet mais également de la publicité arrive presque à échapper à l’impôt en France ? En 2018, Google France a payé seulement 17 millions d’Euros à l’administration fiscale française. C’est presque rien. Le site le Bon Coin (qui est principalement Français) paye par exemple presque 40 millions d’Euros en impôts en France.
« 91,5% des recherches sur le net se font via Google »
DeepSkyProject
Google France déclare tout de même un chiffre d’affaire de plus de 411 millions d’Euros mais Google est un champion de l’optimisation fiscale aux méthodes particulièrement bien rodées. Et grâce à ses filiales et au siège Europe localisé en Irlande, il est très facile pour Google France de minimiser sa contribution commune à la société Française. Google France devrait normalement payer plus de 100 millions d’Euros d’impôt à la France si cette société ne pratiquait pas l’optimisation fiscale ! Cela en fait des lits d’hôpitaux et des infirmières, du matériel dans les écoles, des fonctionnaires de police, … Tout ceci est un véritable manque à gagner pour notre société et son pacte social et républicain. Et l’obs à pourtant bien menée l’enquête il y a quelques années … Inutile de préciser que ce que Google impose à la France se duplique dans presque la totalité des autres pays. Comment qualifier donc cette entreprise ?
L’obs et Google ?
Il est troublant qu’un magazine plutôt de gauche puisse quelque part se faire le porte voix d’une telle société bien peut recommandable et qui à travers ses pratiques est en total opposition aux idéologies que l’Obs incarnent. Mais bon, la presse nationale et locale est sous pression. Et qu’importe, l’argent de la publicité est toujours bonne à prendre pour tenter d’équilibrer les comptes de nos magazines. Attention aux dérives que cela induira nécessairement. Le choix de l’obs de promouvoir Google est donc très contestable. Mais revenons à ce magazine car j’ai tout de même pris quelques temps pour le décortiquer.
Que trouver dans Azerty la publication de Google ?
Dans cette publication imprimée au look et à la communication aseptisée plutôt bien travaillé (on en attend pas moins du géant Google) on y découvre de nombreuses actions déployées par Google. Google assure des ateliers de formation au numérique, plutôt à ses outils auprès des entrepreneurs, commerçants, …

Sous couvert de résorber la fracture numérique qui existe (réellement) dans notre société, le géant impose petit à petit ses outils, ses méthodes. En expliquant ainsi à votre commerce de quartier toute l’importance d’avoir un beau site bien référencé pour proposer du « click and collect » (plutôt du cliqué – retiré je préfère) Google avec ses pros de la formation l’oriente vers les outils proposés par la multinationale. Et la période sanitaire actuelle est bien propice à ces grandes entreprises du numérique …

Ces outils sont certes plutôt bien fait et très puissant je le reconnais. A titre personnel j’utilise plusieurs de ces outils dont la messagerie Google Gmail. Mais derrière tant de bonté, rien n’est désintéressé pour le géant américain. L’objectif final est d’avoir la main mise sur l’activité économique par ses outils. Le commerçant de quartier aura donc sa (bonne voir très bonne) visibilité sur internet. mais il sera « pieds et poings liés » avec la multinationale pour son site et sa visibilité. Google pourra ainsi tirer de tout ceci des revenus substantiels. Et pour exister le restaurateur de ma commune sera obligé de reverser un part de son (migre) chiffre d’affaire à Google pour continuer à apparaitre (bien placé) dans les recherches des internautes en mal d’une bonne pizza …
Collusions entre des décideurs et Google ?
Et dans cette publication « Azerty le numérique avec des mots » il est particulièrement troublant de voir que plusieurs personnes apportent à travers les institutions qu’elles représentent une certaine caution à toutes ces actions commerciales proposées par le géant Google.
Les articles sont agrémentés de nombreux témoignages toujours très positifs pour Google. ceux-ci sont délivrés par des maitres de conférences de grandes universités, des responsables de chambre de commerces, de député ou d’élus locaux en charge du commerce et de l’économie … Ces personnes ont elle l’accord et la légitimité des structures qu’elles représentent pour apparaitre dans une telle publication commerciale ? Dans quel cadre contractuel ?
L’on remarque donc bien rapidement que le géant s’immisce au cœur du pouvoir et de ses décideurs publics. Le citoyen est donc en droit de demander des comptes. Ce dernier est en droit de comprendre comment se matérialise ces partenariats entre Google, l’Etat, les collectivités locales ou ces organismes consulaires qui font appel à Google et qui apparaissent dans de telles publications très orientées.
Rappelons que ces structures fonctionnent grâce à de l’argent public. La transparence totale doit donc être faite sur les liens qu’entretien Google avec les organismes évoqués dans ces publications.
Faut il voir dans ce magazine une déclinaison de la « startup nation » prônée par notre Président Emmanuel MACRON ? Notre pays a-t’il été bradé à ces multinationales en mal de profit ? Amazon, Google, les connivences tellement nombreuses rendent mal à l’aise les citoyens.
Il est temps de reprendre en main notre vie numérique …
Notre pays, ses entrepreneurs, ses commerçants, ses associations méritent bien mieux qu’un asservissement à une multinationale aussi peu respectueuse du bien commun. Notre souveraineté numérique doit devenir également un sujet pour nos politiques. Il y a urgence.
Rappelons qu’il existe de très nombreuses alternatives aux outils proposés par le géant du numérique. Une communauté solidaire s’anime jour et nuit pour construire des alternatives logicielles crédibles et gratuites. Ce modèle de solidarité, c’est celui du logiciel libre. Un modèle qui prône le libre accès aux technologies et outils du numérique pour tous et sans discrimination.
En ces temps bien particulier ou la visioconférence est un outil plébiscité, rappelons à tous qu’il existe des puissantes alternatives à Teams, Zoom ! J’encourage les lecteurs de ce billet à prendre quelques minutes pour visiter le site du réseau d’éducation populaire Framasoft qui prône une totale émancipation numérique. Vous verrez que les alternatives éthiques existent et son très nombreuses.
Et pour conclure. Alors oui, une des mes résolutions pour 2021, sera également de me « dé-googliser ». Pourquoi pas vous ? N’hésitez surtout pas à partager vos expériences ainsi que vos bons plans. Tout ceci peut être très utiles à tous.
5 commentaires
Pour ma part j’ai opté pour la messagerie européenne Mailo. Et les outils Framasoft pour les visios ou les enquêtes.
Merci Sophie de tes précieux conseils. Concernant Mailo peux tu stp partager ton expérience et la formule que tu as choisie. Quel est ton avis sur ce service ? Pour la visio
Quelle est ton expérience ? À bientôt
Pour Mailo j’ai la formule Premium à 12€ par an, messages et données stockés sur des serveurs en France. Voici le lien https://www.mailo.com/mailo/fr/pack-premium.php . Très bon niveau de service. Pour la visio j’utilise Framatalk avec possibilité de partage d’écran. A bientôt
Merci de ces précisions Sophie. Cela va intéresser les lecteurs.